Laboratoire Kontempo : un échange de perspectives entre artistes kinois et berlinois

Mardi 12 Octobre 2021 - 19:21

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En marge du vernissage prévu le 15 octobre au Musée national de Kinshasa, la série des quatre rencontres autour des pratiques artistiques qui se tiennent depuis le week-end permet une meilleure immersion dans l’univers de la troisième édition de l’exposition d’art contemporain sur le thème "Kinzonzi : réinvestir les perspectives", organisée de concert avec le centre d’art et de culture berlinois Acud Match Neu.

La photo de famille de l’équipe du Laboratoire Kotempo 3 (Adiac)À la suite de la conférence de presse tenue le 7 octobre à l’Institut français, les médias locaux ont été conviés à se familiariser avec le Laboratoire Kontempo qui se veut une vitrine de la scène artistique contemporaine kinoise dont elle est le produit. Ainsi, dès le lendemain, la plateforme contemporaine servait de cadre à la première rencontre où l’organisation a livré à l’assistance plus de lumière sur le projet.

En introduction, le plasticien Mega Mingiedi, tenu pour l’auteur de la majorité des concepts fondamentaux de l’univers artistique contemporain, a évoqué certains contextes de leur création. Avec Christ Mukenge/Lydia Schellhammer, Prisca Tankwey et Paulvi Ngimbi, le discours s’est étendu sur le thème «  Kinzonzi : réinvestir les perspectives ». Ce fut un bon prélude au débat ouvert qui s’en est suivi et a permis à l’assistance de mieux s’imprégner de l’esprit du projet et de la troisième édition du Laboratoire Kontempo.

Né dans la scène artistique kinoise, le Laboratoire Kontempo se propose de présenter l’art contemporain tel qu’il est vécu et exprimé à Kinshasa. Sa démarche actuelle consiste à ramener dans un cadre plus formel les discussions et discours informels des artistes alimentant les discussions autour d’un verre. Et la formule adoptée pour ce faire est le Kinzonzi, une réappropriation du terme kongo qui renvoie à la palabre africaine. Au sein du Laboratoire Kontempo, l’enjeu est de constituer un espace de réflexion ouvert pour la création et la recherche commune des perspectives nouvelles conduisant aux solutions qui s’imposent pour un art plus vrai, une expression plus authentique. Cette édition se veut donc un lieu de collaboration et de partage d’où la présence d’artistes, chercheurs et théoriciens de l’art venus de Berlin pour la circonstance. La délégation berlinoise, près d'une dizaine de personnes, conduite par Johannes Braun, co-fondateur de l’Acud, participe déjà à ce niveau à l’événement qui se tiendra en deux temps. À savoir que cette édition jumelée 2021/22 qui s’emploie à « réinvestir les perspectives » de la pratique de l’art contemporain se poursuivra à Berlin l’an prochain.Un aperçu de la soirée introductive du 8 octobre à la Plateforme contemporaine (DR)

Haro sur le mensonge !

La joie de l’organisation, c’est de pouvoir tenir l’événement initié par le duo congolo-allemand Mukenge/Schellhammer en présentiel cette année. Ce, à la différence de l’an dernier où suite aux strictes règles sanitaires imposées par la covid-19, elle était essentiellement digitale, virtuelle. Cette fois, le format virtuel sera en accompagnement à l’exposition que va abriter le Musée national pendant un mois, soit du 15 octobre au 15 novembre. Le virtuel, c’est là aussi une autre perspective du Laboratoire Kontempo. En effet, fort du constat que la grande majorité, si pas l’essentiel des contenus de la scène contemporaine kinoise ne sont pas des productions locales. Le plus souvent, les propositions rencontrées sur le Net sont celles d’étrangers, occidentaux pour la plupart dont le regard n’est pas toujours celui que les artistes portent en eux et sur eux. C’est donc là une des motivations premières du Laboratoire Kontempo qui tient à sortir des clichés habituels où misère, exotisme et autoflagellation restent en vogue.

Acteurs de cette scène contemporaine animée par une diversité faite de réalités plus estimables. Laboratoire Kontempo tient à vulgariser cet art où le vécu est présenté si pas de la manière la plus ordinaire mais au moins dans sa simple vérité sans filtres, dans un langage où les sournoiseries pleines de sous-entendus sont exclues. Hors de ce champ prolifique où tout est calcul et assaisonné d’une bonne dose de complaisance. Laboratoire Kontempo s’insurge contre ces artistes passés maîtres dans l’expression misérabiliste de l’art comme unique perspective vendable. Leur ouvrage se résume à vendre la pitié qui, on le sait, laisse très peu indifférent et donc « accroche » dans une certaine mesure. Dès lors, dans «  Kinzonzi : réinvestir les perspectives », les artistes crient haro sur le mensonge et le manque de dignité !

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : La photo de famille de l’équipe du Laboratoire Kotempo 3 / Adiac Photo 2 : Un aperçu de la soirée introductive du 8 octobre à la Plateforme contemporaine / DR

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