Libye : l’ONU présente des preuves accablantes de crimes de guerre et contre l’humanité

Jeudi 14 Octobre 2021 - 13:17

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Une mission d'enquête d'experts des Nations unies fait état, dans un rapport, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ainsi que de la situation des prisons dans le pays. 

Le rapport  accuse la Libye de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité et déplore la situation des prisons, où sont enfermés de nombreux migrants depuis 2016. Une liste confidentielle d’individus et groupes responsables des violations, des abus et des crimes a été dressée. La mission a pu rassembler de centaines de documents, interviewer cent cinquante personnes et mener des enquêtes en Libye, en Tunisie et en Italie. « Les civils ont payé un lourd tribut » aux violences qui déchirent la Libye depuis cinq ans, notamment en raison des attaques contre des écoles ou des hôpitaux, et des raids aériens qui ont tué des dizaines de familles, souligne le rapport. Les migrants, qui tentent de trouver un passage vers l'Europe en Libye, sont soumis à toutes sortes de violences dans les centres de détention et du fait des trafiquants. « Notre enquête montre que les agressions contre les migrants sont commises à une large échelle par des acteurs étatiques et non étatiques, avec un haut degré d'organisation et avec les encouragements de l'État - autant d'aspects qui laissent à penser qu'il s'agit de crimes contre l'humanité », ont souligné les enquêteurs.

Les experts font également état de la situation dramatique dans les prisons libyennes, où les détenus sont parfois torturés et les familles privées de visite, la détention arbitraire dans des prisons secrètes ainsi que des conditions insupportables utilisées par l'État et les milices. « La violence est utilisée à une telle échelle dans les prisons libyennes et à un tel degré d'organisation que cela peut aussi potentiellement constituer un crime contre l'humanité », a souligné l’un des experts, Tracy Robinson. L’Organisation des Nations unies (ONU) demande une enquête indépendante sur certaines allégations de meurtres, la libération de tous les migrants et demandeurs d’asile détenus arbitrairement, la cessation des raids sur leurs campements et la cessation de leur expulsion. Ces opérations se sont aussi traduites par « des expulsions de personnes vers des pays d’Afrique subsaharienne sans procédure régulière, en violation du principe de non-refoulement et de l’interdiction des expulsions collectives »,  qui auraient surtout entraîné « des meurtres et des blessures graves, une augmentation des détentions dans des conditions épouvantables ». 

Plan d’expulsion des mercenaires

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est félicité de l'accord de Genève (Suisse), du 8 octobre, signé par la Commission militaire mixte libyenne ( CMML (5+5))  sur un plan d'action global pour le processus graduel, équilibré et séquencé de retrait des mercenaires, des combattants étrangers et des forces étrangères du territoire libyen. Cette CMML comprend cinq membres du gouvernement légitime et cinq autres de la milice du général Khalifa Haftar et travaille à la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu signé le 23 octobre 2020.

Lors de la rencontre France-Afrique, initiée par le président français, Emmanuel Macron, les 8 et 9 octobre à Montpellier, ce dernier a reconnu que l’intervention militaire de la France en Libye en 2011 était une erreur.  « On n’a pas respecté la souveraineté d’un peuple. Et ça, c’est une erreur », avait-il lancé, en réaction aux critiques d’une participante au dialogue France-Afrique.  

Noël Ndong

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