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Rumba: ils sont tous là !

Samedi 16 Octobre 2021 - 18:15

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Envie de remonter soixante ans en arrière, ou un peu plus, de replonger dans la belle aventure de la rumba congolaise ? Une modeste exposition vous en offre l’opportunité. Depuis le 5 octobre, l’Institut français du Congo, sis Place de la République, dans le deuxième arrondissement Bacongo, au cœur de Brazzaville, accueille la rumba dans toutes ses dimensions. Et cette expo a beau être modeste comme indiqué plus haut, elle est plutôt convenablement riche. 

Photographies des temps passés de la rumba, dont celle du mythique bar « Chez Faignond » où l’on voit le mécène éponyme posé en compagnie des gens nécessairement « branchés » des années 50 du siècle dernier ; figures d’hommes et de femmes de la rive droite de l’immense fleuve Congo qui portèrent et continuent de porter nos rythmes dansants de génération en génération ; pochettes du célèbre disque vinyle 78, 45, et 33 tours, et pour couronner le tout, des articles de presse racontant par le menu le chemin si long de la rumba, sa beauté et sa diversité.

On se rend compte que beaucoup de bars-dancing de la « belle » époque ont changé de physionomie, ils deviennent des boulangeries, des échoppes pour commerce général ou des établissements bancaires. Le cas de « Café-Coco » à Ouenzé, dans le cinquième arrondissement. Seuls poursuivent la course à l’âge le bar Macédo à Bacongo, auparavant Lumi-Congo, et pour le citer deux fois « Chez Faignond », le coin emblématique où se produisit pour sa première sortie officielle l’orchestre Les Bantous de la capitale, le 15 août 1959.

La génération d’avant les Bantous est représentée comme il fallait s’y attendre par Paul Kamba, pionnier de la rumba devant l’Eternel, ou encore Antoine Moundanda qui immortalisa ce dernier dans sa célèbre complainte « Mabélé ya Pôlhô », en 1953, au son de sa sanza irremplaçable. Cela a déjà été dit en amont, la phratrie des Essous Jean-Serge, Nino Malapet, Edo Nganga et Célestin Nkouka est omniprésente, sans oublier un certain Diaboua chez qui, assure-t-on, Essous hérita de la clarinette, mais aussi Michel Boyibanda affiché à quelques pas de ses sociétaires de l’orchestre Les- Trois- Frères, à savoir Youlou Mabiala et Loko Massengo.

Au risque de passer tout le papier à les citer tous, disons qu’il est impossible de ne pas en oublier plusieurs. La rumba, ce sont aussi des orchestres. Sur disque vinyle on trouve exposés Super-Boboto, Sakayonsa, Bilenge Sakana, Masano, R.A. S Kébo, Super Tembassa, Moziki la Juventus, Sinza Kotoko, Trio Ce.Pa.Kos, G.O Momékano. Ceux qui se souviennent de ces groupes se rappelleront certains de leurs ténors tels Nkaya Matos Mwana Mukamba, Auguste Fall et Ange Linaud Djendo, Fély Akouala, des individualités ayant fait le beau temps de la rumba et des sonorités voisines : Clotaire Kimbolo, Mvuka Marcus, Jacques Loubélo, Théo Blaise Kounkou, Boulhos Loupino, Rido Bayonne, Pembey Sheiro, Mamie Claudia, Ballou Canta, Rovias Adampot.

Les générations intermédiaires dont font partie certains artistes cités ci-dessus ainsi que les toutes nouvelles sont-elles aussi toutes symbolisées en photos. Les textes commentant le cœur des œuvres musicales des soixante dernières années accompagnent la course engagée par Brazzaville et Kinshasa pour inscrire la rumba au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Rencontré sur place, le photographe Kinzenguélé, un des artisans de la trouvaille, est d’avis que cette expo à laquelle le collectif « Biso-na-Biso » est associé pour le fonds discothécaire participe de cette quête de reconnaissance.  

En terminant la visite, appréciez la salle de séjour comme on en avait le sens à l’époque : quatre fauteuils « made in Congo », un tapis en feuille, une large armoire sur laquelle trônent un transistor, un tourne-disque, et quoi encore ? La photo du chef de maison. Et… fin de la visite.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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