Climat: un gouffre à combler pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C

Mardi 26 Octobre 2021 - 18:51

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Les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre devraient être plus de sept fois plus ambitieux pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C.

Malgré les nouveaux engagements de plus de 120 pays enregistrés au 30 septembre, l'écart avec ce qui serait nécessaire pour respecter l'Accord de Paris visant à limiter le réchauffement bien en deçà de +2°C, si possible à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, reste important, conclut un rapport rendu public mardi par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

Les nouvelles promesses réduisent les projections d'émissions pour 2030 de 7,5%, alors qu’une baisse de 30%, selon les experts, serait nécessaire pour +2°C et 55% pour 1,5°C.

En clair, le monde aurait besoin de sept fois plus d'ambition pour maintenir la trajectoire vers un réchauffement limité à +1,5°C, a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et quatre fois plus pour être compatible avec +2°C. Mais c'est loin d'être le cas : "Moins d'une semaine avant la COP26 de Glasgow, nous nous dirigeons toujours vers une catastrophe climatique", a-t-il alerté.

49 Etats engagés à la neutralité carbone

Les premières contributions déterminées au niveau national (NDC) des 200 signataires de l'Accord de Paris menaient la planète vers un réchauffement de +3 ou 4°C. Avec les nouvelles NDC déposées par 143 pays et les promesses pas encore formalisées d'économies majeures comme la Chine pour 2030, le monde se dirige désormais vers un réchauffement d'au moins +2,7°C.

En plus des NDC, qui détaillent les objectifs à court terme, 49 Etats représentant 57% des émissions mondiales se sont également officiellement engagés à la neutralité carbone pour le milieu du siècle. Ces engagements permettraient de raboter un demi degré supplémentaire et donc d'arriver à +2,2°C. Mais les chercheurs mettent en garde contre les risques de largement dépasser ces prévisions.

Des prévisions qui partent de l'hypothèse que les engagements seront bien tenus, ce qui laisse sceptique (les pays du G20 ne sont pas sur la voie de respecter leurs précédentes NDC). Quant aux stratégies vers la neutralité carbone, elles sont jugées ambiguës, vagues et pas cohérentes.

D'autres signaux sont inquiétants. Après la baisse des émissions de 5,4% en 2020 en raison de la pandémie de covid-19, un rebond important est attendu en 2021 et les Etats n'ont pas saisi l'occasion des plans de relance pour accélérer la transition verte, avec seulement 17 à 19% de ces investissements susceptibles de réduire les émissions, souligne le rapport.

En outre, les prévisions des scientifiques reposent sur des probabilités. Le rapport estime ainsi qu'il y a 66% de chances de ne pas dépasser +2,2°C. Mais dans ce même scénario, il existe plus de 15% de probabilité que le réchauffement dépasse +2,5°C d'ici la fin du siècle et un petit peu moins de 5% qu'il dépasse +3°C.

On sait pourtant aujourd’hui que chaque fraction de degré de réchauffement compte, multipliant les catastrophes climatiques, des canicules aux inondations, avec environ +1,1°C depuis l'ère pré-industrielle.

Julia Ndeko

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