COP26 : Denis Sassou N’Guesso aux puissances occidentales

Mardi 2 Novembre 2021 - 16:45

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Depuis les abords de la Clyde, le fleuve traversant Glasgow, le président congolais a exhorté, le 1er novembre, les puissances occidentales émettrices de carbone à tenir leurs promesses dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour son temps de parole à la tribune de la COP26, le chef de l’Etat congolais, en tant que porte-parole du Fonds bleu pour le Bassin du Congo, s’est insurgé du manque de mobilisation pour les forêts tropicales d’Afrique centrale, grand bassin du Congo couvrant quelque 240 millions d’hectares de forêts contiguës à cheval sur huit nations.

Il a porté la parole en disant, d’une façon officielle, que les puissances occidentales sont actuellement en train de faillir dans la lutte contre le réchauffement climatique, et ce, malgré leurs promesses.

« Le Bassin du Congo rend au monde des services écosystémiques inestimables. Mais, que reçoit-il en échange ? Hélas, très peu », s'est indigné le président congolais.

Dès 2020, l’Afrique devait recevoir, de la part des pays les plus riches, cent milliards de dollars annuels. Un minimum lorsque l’on sait que le continent n’est responsable que de 4 % des émissions globales de CO2 et que l’Afrique est le continent le plus vulnérable. Les moyens financiers sont donc primordiaux pour lutter contre le changement climatique. Or, l’Afrique n’a reçu que 70 % à 80 %, tout au plus, des sommes promises par les puissances occidentales.

« Nous avons su prendre nos responsabilités. A chacun désormais d’assumer les siennes », a lancé Denis Sassou N'Guesso.

Le chef de l’Etat a déploré le nombre de promesses non tenues en expliquant que l’Afrique doit s’adapter au réchauffement climatique qu’elle n’a pourtant pas causé. Malgré tout, les pays du Bassin du Congo — seize Etats d’Afrique centrale et de l’est, ainsi que le Maroc — ont tout mis en œuvre pour sauver le second poumon de la planète. « En prenant la décision de protéger et de conserver le Bassin du Congo pour le bien de l’humanité, nous avons su prendre nos responsabilités. A chacun désormais d’assumer les siennes », a signifié le chef de l’Etat lors de son discours qui a marqué les esprits.

Il a rappelé à son auditoire les enjeux dans le Bassin du Congo, « un  immense massif de forêts et de tourbières qui est aujourd’hui le premier capteur de carbone net de la planète après la déforestation de l’Amazonie ». Et d’insister sur le fait qu' « à elles seules, les tourbières de la Cuvette centrale séquestrent 31 milliards de tonnes de carbone, soit trois années d’émissions mondiales ». Il est donc normal, selon le président congolais, que la place occupée par le Bassin du Congo dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris soit « absolument incontournable ».

S’il a été particulièrement offensif, le président congolais s’est donné comme objectif d’être un porte-parole de la lutte écologique depuis près de trente ans. « Je ne cesse de le répéter sur toutes les tribunes, depuis le Sommet de Rio en 1992 : la détermination des pays du Bassin du Congo en général, et celle de la République du Congo en particulier à préserver ce vaste ensemble est totale », a indiqué le chef de l’Etat qui ajoute ne pas vouloir avoir à choisir entre le développement de son pays et la lutte environnementale mondiale.

Parmi les raisons essentielles de ces rappels offensifs apparaît le constat en appui des experts : cet ensemble de forêts tropicales du bassin du Congo est plus dense en carbone, plus efficace pour ralentir le changement climatique et résiste à ses effets mieux que les forêts tropicales amazoniennes.

À titre d’exemple pour le manque de financements, entre 2008 et 2017, le bassin du Congo n’a reçu que 11 % des flux financiers internationaux destinés à la protection et à la gestion durable des forêts dans les zones tropicales, contre 55 % pour l’Asie du Sud-Est et 34 % pour l’Amazonie.

Le Congo n’a pas attendu ces financements. Il encourage plutôt, entre autres, des initiatives des entreprises innovantes engagées en faveur de l’environnement. Parmi celles-ci, Eco Oil Energie, présente à la COP26.

La balle est désormais dans le camp des puissances émettrices de CO2, qui vont devoir tenir leurs promesses, voire les revoir à la hausse dans les années à venir.

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Le président Denis Sassou N'Guesso à la Cop26 (AFP)

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