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La Libye encore et toujours !

Samedi 13 Novembre 2021 - 16:15

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Croire que les citoyennes et les citoyens libyens pourront se rendre comme prévu le 24 décembre prochain dans les bureaux de vote de leur pays afin de choisir librement leur président et leurs députés relève évidemment bien plus du rêve que de la réalité. Un rêve, une illusion qu’Emmanuel Macron a formulé une nouvelle fois vendredi dernier lors de la clôture à Paris de la Conférence internationale sur la Libye : « La transition libyenne doit être menée à son terme et les élections doivent se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Les six semaines qui viennent sont déterminantes ».

Tous les observateurs de la scène libyenne – diplomates, représentants des institutions internationales, journalistes – le constatent, hélas !,  sur le terrain : s’il est vrai que la société civile libyenne aspire au bon déroulement de ces deux grands scrutins, il l’est tout autant que rien ne permet aujourd’hui d’affirmer que ceux-ci pourront se tenir à la date et dans les conditions prévues.

N’ayant pas de Constitution et donc pas de texte fondamental qui oblige les candidats à respecter le cadre démocratique, l’Etat libyen n’a pas les moyens de mener à bien cette vaste opération. Et la communauté internationale, quant à elle,  n’en dispose pas plus même si elle affirme haut et fort sa volonté d’aider les Libyens à sortir de la crise infernale dans laquelle l’assassinat programmé du « Guide »  Mouammar Kadhafi par les puissances occidentales les a plongés le 20 octobre 2011,  il y a donc tout juste dix ans.

L’Histoire, la grande Histoire dira si ce qui est noté dans ces quelques lignes est juste ou faux. Mais les hommes d’Etat qui s’efforcent de trouver une issue pacifique au conflit qui dévaste, bien au-delà de la Libye, l’immense région du Sahel-Sahara, feraient bien de garder la tête froide et d’anticiper l’aggravation de la crise qui pourrait bien résulter de l’échec des scrutins dont la tenue est programmée avant la fin de cette année 2021. Divisée en clans ethniques et religieux qui se jalousent, se haïssent et qui sont soutenus en sous-main par des puissances extérieures que mue en réalité la volonté d’exploiter les richesses naturelles du sous-sol de son vaste territoire, la « Nation » libyenne relève plus de l’apparence que de la réalité.

Seul un pouvoir fort pourrait lui permettre, au terme de longues et difficiles négociations internes, de restaurer l’unité que Mouammar Kadhafi avait réussi à créer non sans mal. Mais aucune personnalité du pays n’est capable aujourd’hui de réunir autour d’elle les chefs de tribus et de villages, les représentants de la classe politique, les autorités religieuses et, ce faisant, de créer le cadre institutionnel qui permettrait de mener à bien le parcours électoral annoncé.

Soyons réalistes donc : loin de s’apaiser, la crise libyenne va probablement s’aggraver dans les semaines et les mois à venir. Avec les conséquences dramatiques que cela aura inévitablement sur toute l’étendue de l’Afrique du Nord et de la Corne de l’Afrique.

Prions le ciel pour que ce qui est ici écrit soit malgré tout démenti par les faits !

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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