Libération de Willy Bakonga : Emmanuel Adu Cole appelle à une enquête minutieuse

Samedi 4 Décembre 2021 - 10:43

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Le président de la Fondation Bill Clinton de la paix dit soutenir l’action initiée par la ministre en charge de la Justice mais celle-ci devra permettre de définir tous les contours de la remise en liberté controversée de Willy Bakonga, d’identifier toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans son dossier et les sanctionner selon la loi, pour éviter que le pays connaisse, à l’avenir, ce genre de cas.

Après avoir appris par les médias que le directeur de la prison centrale de Makala et son adjoint étaient suspendus par le ministre de la Justice, dans le cadre du dossier de la libération « frauduleuse » de l’ancien ministre Willy Bakonga, le président de la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP), Emmanuel Adu Cole, a appelé à l’examen minutieux de ce dossier. Se disant ne pas être opposé à la décision de la ministre de la Justice, il estime que le dossier de l’ancien ministre Willy Bakonga serait très complexe et demanderait une étude méticuleuse.

Emmanuel Adu Cole appelle, de ce fait, à une enquête pour déterminer les contours exacts de la libération de cet ancien membre du gouvernement. « Selon les informations à notre possession, il était également bénéficiaire de cette mesure de grâce présidentielle ; mais, nous pensons que la procédure utilisée est suspecte », a indiqué le président de la FBCP dans un entretien, le 2 décembre, avec Le Courrier de Kinshasa.

Etant donné qu’une enquête serait déjà initiée au niveau du ministère, Emmanuel Cole et son ONG la soutiennent car elle permettra de révéler les conditions exactes de cette libération jugée non conforme à la grâce présidentielle. « La grâce présidentielle est inattaquable. Mais, cette enquête permettra d’identifier toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans cette affaire afin de les sanctionner dans le respect des textes légaux, pour que demain, des choses pareilles ne se reproduisent plus », a souligné Emmanuel Cole.

Ce défenseur des droits de l’homme révèle, par ailleurs, qu’il y a certaines autres personnes bénéficiaires de cette grâce qui se trouvent encore en prison. Il insiste alors sur l‘équité dans l’application de la justice en République démocratique du Congo. « Nous demandons à la justice congolaise de ne pas être la justice pour un camp mais, pour tout le monde et, surtout d’appliquer les articles 149 et 151 de la Constitution », a insisté Emmanuel Adu Cole.

Une remise en liberté controversée

L’ancien ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, Willy Bakonga, a été libéré le 25 novembre dans la soirée, alors qu’il avait été mis en cause dans l’affaire des cent jours - affaire de détournement de fonds publics dans laquelle des membres du gouvernement ont été impliqués. Il avait préalablement été condamné, en avril dernier, à trois ans pour blanchiment d’argent. Il avait alors quitté le pays, quelques mois plus tôt, avec plus de dix mille dollars en poche. Mais il n’a, en revanche, pas encore été jugé pour le délit initial, le détournement supposé d’argent.

Les circonstances de sa remise en liberté restent encore floues car, malgré sa libération, l’ex-ministre n’en aurait pas encore fini avec la justice congolaise. Cette remise en liberté, près de sept mois après son arrestation, a suscité un tollé. Et, la ministre de la Justice, Rose Mutombo a noté des anomalies dans la décision de sa libération et a suggéré sa remise en prison.

Dans une correspondance adressée au procureur général près la Cour de cassation, en effet, la ministre aurait indiqué que l’acte qui a permis la libération de Willy Bakonga est une lettre envoyée au directeur de la prison centrale de Makala par le procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. Cette correspondance contenait une liste des condamnés qui seraient éligibles à la décision de mesure de grâce collective prise en juillet par le chef de l’État, Félix Tshisekedi. Et, le nom de Willy Bakonga y a été repris alors que ce dernier ne dépend pas de la juridiction du procureur près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. « La ministre de la Justice désapprouve cette démarche et considère qu’il s’agit d’un manquement grave et d’un excès de pouvoir qui porte atteinte à l’exécution de l’ordonnance présidentielle du 28 juillet 2021 portant mesure collective de grâce », note-t-on. Demandant que Willy Bakonga rentre en prison, la ministre a indiqué que « les personnes condamnées par la Cour de cassation doivent être ramenées dans l’état où elles étaient, avant sa lettre, à la prison centrale de Makala ».

Pendant que cette polémique continue de susciter des réactions, Willy Bakonga, lui, a disparu de la circulation. Il a choisi la clandestinité. Alors que certaines sources indiquent qu’il serait caché dans une résidence d’un de ses proches se trouvant dans les institutions, qui aurait également participé dans les tractations qui ont conduit à sa libération, certaines informations révèlent qu’il serait déjà à l’étranger, se soustrayant ainsi à la justice congolaise.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Emmanuel Adu Cole/Adiac

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