Mali : le bras de fer se poursuit entre les autorités de transition et la Task force Takuba

Vendredi 28 Janvier 2022 - 14:46

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Des partenaires occidentaux engagés dans la lutte contre le terrorisme au Mali regrettent mais ne cèdent pas à la requête formulée par les nouvelles autorités du pays au Danemark de retirer son contingent.

Quinze pays occidentaux engagés dans la lutte contre le terrorisme au Mali ont, dans un communiqué conjoint, regretté la requête des autorités maliennes au Danemark à retirer son contingent déployé dans le pays. A l’unanimité, ils sont favorables au maintien du contingent danois de la Task force Takuba, conduite  par la France au Mali. Ils pensent que sa contribution à la lutte contre le terrorisme est déterminante et indispensable dans la région, et regrettent la déclaration des autorités de transition « alléguant sans base légale et sans consentement du gouvernement malien, et exigeant dès lors son retrait du territoire malien ».

Sont signataires du communiqué, l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Estonie, la France, la Hongrie, l'Italie, la Lituanie, la Norvège, les Pays Bas, le Portugal, la République Tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Suède. Ces pays regroupés au sein de la Task force Takuba rappellent qu’ils « conduisent leur action conformément au cadre juridique solide agréé avec le gouvernement souverain du Mali, comprenant notamment une invitation formelle adressée par les autorités maliennes aux partenaires internationaux ». Ainsi, agissent-ils « en stricte conformité avec le droit international et national, dans le cadre du soutien qu’ils apportent aux forces armées maliennes [Fama] et de leur engagement de longue date dans la lutte contre les groupes armés terroristes ».

Pour preuve, ils expliquent qu’une lettre d’invitation formelle est parvenue au gouvernement danois le 27 novembre 2019, suivie d’une notification d’acceptation datant du 29 juin 2021 « signée le jour-même par le protocole » malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. La présence de militaires danois sur « le sol malien est donc légale » selon eux, car elle repose sur une invitation des autorités du pays et respecte la procédure juridique agréée par les services juridiques des ministères maliens des Affaires étrangères et de la Coopération internationale ainsi que de la Défense et des Anciens combattants. Ils appellent les autorités de transition, « en ce moment critique pour le Mali, où la solidarité s’impose plus que jamais, à respecter les bases solides sur lesquelles se fonde notre coopération diplomatique et opérationnelle, et à remédier rapidement à cette situation ». 

A contrario, le gouvernement de transition explique que « ce déploiement est intervenu sans son consentement et sans considération du protocole additionnel applicable aux partenaires d'opération européens devant intervenir au Mali dans le cadre de la force "Takuba" , lequel prévoit la conclusion d'un accord bilatéral entre le Mali et les pays partenaires». Ajoutant : « Le gouvernement de la transition a lu, avec surprise et consternation, un message non approprié du ministre des Affaires étrangères danois sur les réseaux sociaux, le 25 janvier courant, qui estime infondée la conclusion d'un accord entre la République du Mali et le Danemark, avant le déploiement des forces spéciales danoises », a annoncé le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement.

Il explique que « dans une note verbale en date du 29 juin 2021, le Royaume du Danemark avait saisi le gouvernement de la transition d'un projet de texte en vue de convenir du statut des forces spéciales danoises devant intervenir au sein de la force Takuba sur la base du protocole additionnel conclu en mars 2020 entre le gouvernement du Mali et celui de la République française déterminant le statut des détachements non français de la force Takuba ».

"La Norvège, le Portugal et la Hongrie dans la même situation que le Danemark"

En réponse, « le gouvernement de la transition a, par note verbale du 16 novembre 2021, indiqué au gouvernement du Royaume du Danemark que sa requête est sous examen et qu'une suite lui sera communiqué ». Ledit document reste toujours à l'état de projet et aucun accord n'autorise le déploiement des forces spéciales danoises au sein de la force Takuba, indique le porte-parole. Et de poursuivre : « Le gouvernement du Mali invite, avec insistance, la partie danoise à retirer immédiatement ses forces spéciales du territoire malien ». Pour les autorités maliennes « trois autres pays européens, la Norvège, le Portugal et la Hongrie, se trouvent actuellement comme le Danemark en attente de la validation de l'accord sur le statut des forces par la partie malienne. Contrairement au Danemark », ces pays n'ont procédé à aucun déploiement de leurs forces spéciales dans le cadre de l'opération Takuba.

Reçu en audience par le président de transition , le colonel Assimi Goïta, et le chef du gouvernement Choguel Maïga, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a indiqué que sa mission dans le pays avait pour objectif d’écouter, de s’informer et d’échanger avec les autorités sur le processus de transition. « Nous mobilisons le continent et ses partenaires pour soutenir le Mali et dépasser cette crise conjoncturelle et asseoir un État fort dans l’intérêt du peuple malien, de la région et de l’ensemble du continent », a souligné Moussa Faki Mahamat. « Le plus important est de voir comment il faut soutenir la transition au Mali, échanger sur une approche consensuelle qui puisse préserver les intérêts fondamentaux de ce grand pays africain, et ce, conformément aux textes qui régissent l’Organisation sous-régionale et continentale », soulignant la disponibilité de l’Union africaine à accompagner le Mali de concert avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l"ouest. Avant de conclure : « On ne peut pas parler de l’Afrique sans le Mali ».

Noël Ndong

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