Archives : Bob Bobutaka établit un lien entre chefs d’Etat et gestion mémorielle

Mercredi 23 Mars 2022 - 15:30

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« Archives et archivistes en Afrique : construction d’un schème sur l’archivologie » est l'étude publiée en février dernier dans http://archivistebateko.canalblog.com par le Pr Bob Bobutaka Bateko.

L'étude est une dissertation académique interdisciplinaire intégrant l’histoire, la légistique, la statistique ayant permis d’analyser un fait archivologique. L’auteur y aborde vingt-quatre points cruciaux sur les archives, parmi lesquels deux pertinentes observations sur « les présidents africains et la gestion de la mémoire informationnelle stratégique de leurs pays », ainsi que « les archives : l’âme et l’esprit de l’establishment ».

Dans la relation entre les chefs d’Etat et la gestion de la mémoire informationnelle de leurs pays en Afrique, le Pr Bob Bobutaka écrit : « Les indépendances des pays africains -vieilles d’à peine plus de soixante ans- ont favorisé aussi la prise en charge de l’Afrique par les Africains, valorisant ainsi la gestion de la reconstruction de sa mémoire collective. Avec les indépendances, il y a les phénomènes des pères de l’indépendance et les premiers présidents africains ».

Les Etats africains ont des problèmes pour la gestion de leur mémoire, surtout aussi du fait que les chefs d’Etat, une fois démis de leurs fonctions ou en fin de mandat, ne sont pas rassurés d’une vie normale au motif qu’ils ont mal gouverné, avance le Pr Bob Bobutaka. Et de postuler : « Pour la mémoire politique, la gestion orthodoxe des anciens présidents va permettre d’assurer aux Etats africains la gestion de leurs mémoires collectives à travers les différents types d’archives stratégiques que ces présidents ont eu à gérer pendant qu’ils étaient en fonction. Nous sommes convaincus que cette approche aura de l’incidence pour le vrai développement de l’Afrique ».

Dans la société de l’information, soutient ce chercheur en archivologie, le président de la République est le seul citoyen qui détient un nombre exponentiel des informations stratégiques du pays. Par conséquent, « il est le gardien de la mémoire de l’Etat, voire le premier archiviste d’Etat. Et la gestion de celle-ci, pour la continuité de l’Etat, nécessite une certaine garantie de la république pour le président en fin de son exercice mandataire. Enfin, la cérémonie de passation du pouvoir entre les présidents entrant et sortant est un moment important et essentiel pour garantir la continuité managériale du pays, et ce, en termes de la gestion de la mémoire républicaine ».

Establishment et archives

Abordant le sous-thème « Les archives : l’âme et l’esprit de l’establishment », Bob Bobutaka circonscrit d’emblée le concept, le mettant directement en relation avec les archives. « Point n’est besoin de réaffirmer que l’establishment est un groupe puissant de personnes en place qui défendent l’ordre établi. C’est pourquoi, la gestion de l’ordre établi exige impérativement la connaissance et la maîtrise des activités comme celles des citoyens. Or, il se fait que ces activités sont consignées dans les archives ; donc, sans ambages, nous considérons  que l’establishment doit se servir des archives pour le contrôle de l’ordre établi ». Cette situation, affirme-t-il, est de mise dans les pays développés qui ont fait preuve d’une certaine « archivophilie déterminée » pour la consolidation de l’ordre établi.

Des études démontrent que les pays dont la gestion des archives pose problème sont sans âme. « Dites-nous l’état de vos archives et nous vous dirons l’état d’âme de votre pays, sinon l’âme de votre Etat. Les archives sont pour un pays ce que la mémoire représente pour un être humain. Par ailleurs, si la lecture réduit la pauvreté et favorise le développement, donc, l’exploitation orthodoxe de la mémoire conduit indubitablement au développement durable », soutient Bob Bobutaka dans l’optique du renforcement des aspects spirituels des archives pour un Etat. Il poursuit en soulignant que les archives sont incontournables et mêmes indispensables pour la gestion d’un Etat. Même si l’impression poignante qui se dégage à un certain moment dans certains pays est que celles-ci sont jetées dans les oubliettes, et même pire, détruites, elles continuent cependant à être utiles au service du pays. Et il conclut cette étude en ces termes : « En fait, pour bien des chercheurs dans le domaine des archives, la gestion orthodoxe des archives, pour un pays, est aussi un gage de sa souveraineté et de son image positive établie à travers le dévouement, la distinction et l’expression de ses hommes d’Etat face aux inconscients hommes politiques mettant en exergue leur égocentrisme prédateur entretenu par l’utilitaire calculateur ».

L’auteur

Docteur en sciences de l’information et de la communication et expert archiviste international, Bob Bobutaka est chercheur en archivologie et professeur en archivistique à l’Institut supérieur de statistique de Kinshasa, à l’Université de Kinshasa et à l’Université pédagogique nationale à Kinshasa. Il détient, par ailleurs, un diplôme d’études approfondies en sciences de l’information et de la communication dans les orientations archivistique et bibliothéconomie (bac+7) et un autre de troisième cycle professionnel en bibliothéconomie (bac+7), deux licences (bac+5) en archives, et en bibliothéconomie-documentation. Auteur prolifique, il a écrit une vingtaine d’ouvrages et plusieurs articles scientifiques.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Bob Bobutaka Bateko, professeur à l'ISS, l'Unikin et l'UPN à Kinshasa

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