Musique : quid de l’après inscription de la rumba congolaise au patrimoine culturel de l’humanité ?

Samedi 14 Mai 2022 - 16:30

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Président du Comité scientifique mixte ( Congo Kinshasa et Congo-Brazzaville) en faveur de la rumba congolaise, le Pr Yoka Lye éclaire l’opinion sur les actions à mener après l’annonce qu'il a faite le 14 décembre 2021, un jour faste et euphorique pour les Congolais des deux rives.

Le Pr Lye M Yoka, au Festival Rumba Un jour-Rumba Toujours à Pointe-Noire (DR)Il n’y a pas lieu de s’asseoir sur ses lauriers l’euphorie passée. Le Pr Yoka se réjouit que « l’excellent et puissant plaidoyer orchestré par le groupe de scientifiques coalisés au sein du Comité mixte (RDC et Congo-Brazzaville) à partir des "pièces à conviction" d’ordre à la fois historique, sociologique, politique et économique » a porté ses fruits. Mais il a aussi la lucidité de se demander que vient-il après « la sanction hautement positive et élogieuse du Jury de l’Unesco » ? 

Il faut une réponse qui satisfasse aux partenaires culturels, aux mélomanes, aux praticiens de la musique et à la presse. C’est acquis mais « que faudrait-il en attendre » de cette inscription ? Le président du Comité scientifique mixte fixe l’opinion: « Il est indispensable de signaler les contraintes qui sont autant de défis : d’abord, aux termes de la Convention de 2003 de l’Unesco sur la préservation et la promotion du patrimoine culturel immatériel (Convention ratifiée par les deux Congo), deux indicateurs sont majeurs, à savoir la viabilité de l’élément inscrit et sa pérennisation ». Ensuite, rappelle-t-il : «  pendant quatre ans, selon la Convention, les enjeux de cette viabilité et de cette pérennisation sont autant de conditions de la survie du label ; sinon, en cas de transgression des promesses tenues par les Etats-Parties, le niveau de la labellisation (en l’occurrence la rumba congolaise) risque la “dégradation“ avec en fin de compte la fatalité d’être annulée » Ibrator Mpiana sur le podium du consortium Festival Rumba-Parade et Fire (Adiac)

Pour sa part, « le Comité scientifique mixte a élaboré, dès septembre 2021, un plan d’action pour couvrir utilement et stratégiquement les quatre ans expérimentaux ». Parmi les axes stratégiques de la feuille de route établie par réflexe d’anticipation et de proactivité, il est prévu « le renforcement des capacités professionnelles, techniques et artistiques de la rumba congolaise avec un accent particulier sur les curricula académiques adaptés ». Mais l’on ne peut non plus faire l’impasse sur « l’érection des infrastructures des industries culturelles créatives ; la promotion de l’excellence, de l’éthique et de l’esthétique dans la création et la pratique ; la promotion des études scientifiques sur l’odyssée et l’épopée de la rumba congolaise hier et aujourd’hui ». Par-delà, il est utile de veiller à « la revalorisation des principes de cohésion intra et extraterritoriale, au nom d’une Afrique de progrès et de partage solidaire ». Lesdits axes inscrits sur le long terme appellent à des applications concrètes et visibles. Ils sont du ressort du ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine, ou du moins à mener sous sa conduite étant entendu qu’ils viennent « en appui à sa politique culturelle et patrimoniale ».

Si les scientifiques ont accompli avec succès leur part de responsabilité, « au stade actuel des attentes et des initiatives, c’est notamment aux décideurs qu’il revient de respecter leurs engagements, et aux entrepreneurs de s’investir ». Le Pr Yoka est d’avis que les festivals-rumba en cours, dont le plus notable est le consortium Festival rumba-parade et Fire (Festival international de la rumba et de l’élégance), organisation conjointe de la Délégation Wallonie-Bruxelles, l’INA et l’agence Optimum, restent « des initiatives encourageantes qui appellent à être mieux fécondées ». Tout autant que le « Festival rumba un jour-Rumba toujours » de Pointe-Noire initié par l’Institut français en avril dernier et les plus récents, le festival Rumba bilengi organisé par la Délégation de l’Union européenne à Brazzaville (6 mai dernier) et dupliqué à Kinshasa trois jours plus tard avec « Congo rumba ». Cependant, le défenseur de la rumba se désole que ces projets sont concrétisés essentiellement par des partenaires étrangers. Quoiqu'il y a tout de même lieu de se réjouir que « des initiatives analogues, promotionnelles et festives sont organisées de plus en plus par la diaspora en Europe, principalement par l’opérateur culturel Klay Mahungu à Bruxelles ».

 

 

 

 

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1 : Le Pr Lye M Yoka au festival Rumba un jour-Rumba toujours à Pointe-Noire / DR 2 - Ibrator Mpiana sur le podium du consortium Festival rumba-parade et Fire / Adiac

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