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Commentaire de l'ambassadeur de la Russie en République du Congo, sur les causes de la crise du marché mondial des denrées alimentaires

Mardi 7 Juin 2022 - 13:45

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Ces derniers temps, les pays occidentaux cherchent à accuser la Russie d’être responsable de la crise alimentaire mondiale et à l’expliquer uniquement par l’effet de l’opération militaire des forces armées russes en Ukraine.

Toutefois, la situation actuelle sur le marché alimentaire n’est pas du tout « le résultat » de deux mois d’année en cours, mais une tendance des deux dernières années au moins. Le phénomène de crise sur le marché agricole est essentiellement dû aux erreurs systématiques cumulées dans la politique macroéconomique, énergétique (y compris climatique) et alimentaire des pays occidentaux. La pandémie du covid-19, qui a perturbé des chaînes d’approvisionnement, la hausse du coût de fret et d’assurance y ont également contribué.

En 2020-2021, les pays développés ont fortement augmenté les injections financières dans leurs économies pour faire face aux effets négatifs de la pandémie. Les déficits budgétaires croissants et la politique monétaire trop souple ont entraîné une flambée de l’inflation (y compris alimentaire). Cette tendance a été aggravée par des guerres commerciales entre les principaux acteurs et la persistance des contradictions dans la gestion des marchés agricoles. En conséquence, les stocks alimentaires sont aujourd’hui à leur niveau plus bas depuis cinq à dix ans.

La transition forcée de certains pays occidentaux vers « l’énergie verte » au détriment des hydrocarbures et nucléaire a provoqué une hausse des prix des produits énergétiques. En particulier, entre 2020 et 2022, les cours du pétrole ont grimpé de plus de 22%. Les prix du gaz naturel ont triplé en 2021. En conséquence, en décembre 2021, les prix des engrais chimiques ont eu une augmentation sans précédent, de trois à quatre fois.

En raison des mesures anti-covid-19, y compris des restrictions imposées aux déplacements internationaux et de la baisse du volume du commerce international, les frais de transport ont fortement augmenté.

Le faible niveau des stocks alimentaires dans les pays en développement, ainsi que les mauvaises conditions climatiques n’ont fait qu’aggraver la situation. Alors que les coûts du carburant et des engrais augmentent, les agriculteurs sont obligés de réduire les surfaces arables, ce qui a eu comme résultat une baisse de la production agricole face à une demande toujours croissante.

Les sanctions économiques illégales des pays occidentaux contre la Russie, en février-mars 2022, n’ont fait qu’aggraver les tendances négatives sur le marché alimentaire mondial, dans le domaine énergétique et industriel. Les sanctions ont affecté les entreprises agricoles qui se sont heurtées aux problèmes liés au financement et à la logistique pour les contrats alimentaires en cours.

Les sanctions unilatérales, comprenant les menaces d’arrestations des cargos russes et la déconnection des établissements financiers russes du système SWIFT, ont perturbé des chaînes logistiques et financières des opérateurs russes. Compte tenu du rôle de la Russie dans le commerce agro-industriel, cette situation a des répercussions pour les partenaires de la Russie.

La Russie a l’intention de continuer à remplir ses obligations à titre des contrats d’exportation des produits agro-industriels et énergétiques, des engrais et d’autres produits de première nécessité. La Russie est vivement préoccupée par une éventuelle crise alimentaire qui pourrait frapper le continent africain et se prononce contre les mesures de pression unilatérales, dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour le monde entier.

 

 

Guéorguy Tchepik, ambassadeur de Russie en République du Congo

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Édition Quotidienne (DB)

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