Littérature : échange autour de « Mwana Okwemet, le fétiche et le destin »

Lundi 27 Juin 2022 - 14:45

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Après la parution le 20 avril dernier de « Mwana Okwemet, le fétiche et le destin », aux éditions Les Lettres mouchetées, en France, François Ondaï Akiera était face au public, le 25 juin, à la Maison russe, pour présenter son ouvrage et se soumettre à la critique.

Journaliste et essayiste, François Ondaï Akiera prouve avec « Mwana Okwemet, le fétiche et le destin » qu’il est aussi un conteur captivant. Dans ce roman mémoriel de 164 pages, dont la première de couverture est illustrée par une peinture de Guillaume Akani, l’auteur raconte une histoire qui se déroule à Bèlet, au pays de l’Alima. Les augures sont favorables : Lembo'o accouchera d'une fille qui vivra cent ans ! L'enfant naît sous la protection d’Okwemet, un redoutable fétiche. Elle sera Mwana Okwemet, l’enfant du fétiche.

Avec la naissance de sa fille, Lembo'o espère avoir déjoué le sort qui s'acharnait sur sa maison. Mais l’adversité guette avec l’arrivée des colons français. Happée par le tourbillon de l’histoire, Mwana Okwemet traverse le siècle sous le sceau de la prophétie et la protection du fétiche. À travers son destin romanesque se dessinent l’effondrement de la société mbochi, le joug de la colonisation avec les travaux forcés, les miliciens-cerbères, le goulag Congo-Océan…

À la fois texte historique et récit d’apprentissage qui mêle la fiction et la réalité, ce roman est une invite à la découverte et à la connaissance du fétiche Okwemet, fondamental dans la culture mbochi et gangoulu, car régissant la vie et la mort des individus. Comme le souligne Boniface Mongo-Mboussa dans sa préface, à travers Okwèmet, c’est tout un pan culturel avec en creux la question de la sorcellerie et donc du mal que décrit le roman. « Sur ce point, j'ai été sensible à l'honnêteté de l'écrivain, qui refuse, malgré la violence coloniale, de tomber dans la caricature de l'Africain bon sauvage découvrant l'horreur au contact de l'homme blanc. Au contraire, il nous montre une société esclavagiste où le rapt des enfants est légion. De ce point de vue, ce roman constitue un apport précieux pour les sociologues et ethnologues », a-t-il fait savoir.

Soulignons que « Mwana Okwemet, le fétiche et le destin » est aussi un concentré de la géographie des peuples mbochis mis en exergue à travers, entre autres, des personnages singuliers et l’ensemble de tous les villages mentionnés dans le roman avec leur faune, leur flore ainsi que leur fleuve dans leur étrangeté. Une forme de civilisation qui a bercé l’enfance de l’auteur et nourri son imaginaire. « Tous ces faits historiques, nous ne les apprenons que très superficiellement dans les manuels scolaires. Or, nous ne pouvons pas construire notre présent ni notre futur sans connaître ce passé. Et donc à mon avis, ce livre est un plus à la littérature congolaise parce qu’il rappelle que nous avons une mémoire que nous ne devons pas occulter », a déclaré François Ondaï Akiera.  

Après la présentation du livre, l’auteur s’est prêté au rituel habituel des questions-réponses face au public qui n’a pas tari d’éloges le fonds et la forme de ce roman. « De par ce que j’ai pu entendre, je peux dire que "Mwana Okwemet, le fétiche et le destin" est une œuvre très passionnante. Je retiens le fait qu’il nous aide à nous remémorer le passé colonial que nos ancêtres ont vécu et qui perdure au fil des temps malgré l’indépendance de nos pays africains. Un autre point important que je retiens de ce livre, c’est le fait que l’esclavagisme était aussi orchestré par nous-mêmes Africains », a confié Bob Tati.

Notons que « Mwana Okwemet, le fétiche et le destin » est le quatrième ouvrage de l’auteur ; les deux premiers étant des livres d’écrivains congolais décédés qu’il a simplement permis la publication et le troisième, une revue littéraire intitulée « Apollon ».

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- François Ondaï Akiera élucidant la lanterne du public / Adiac 2- Une vue de l’assistance/Adiac

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