Massacre de Yumbi : les jeunes Banunu Bobangi réclament justice

Mardi 19 Juillet 2022 - 17:15

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« Il n’y a pas de paix sans justice et pas de justice sans réparation ». Tel est le credo qui, aujourd’hui plus qu’hier, sous-tend les actions et les attitudes des membres de la communauté Banunu Bobangi encore affectés par les massacres de décembre 2018 ayant occasionné de nombreuses pertes en vie humaine dans leur rang.

Les souvenirs des tueries de Yumbi sont toujours vivaces dans les esprits et la seule manière de tirer un trait définitif sur ce passé sombre demeure l’établissement des responsabilités via un procès équitable. Forte de cette conviction, la jeunesse de Banunu Bobangi est montée au créneau cette semaine pour fustiger une dynamique de réconciliation qui tend à se mettre en place sous le couvert du gouverneur par intérim de la province de Mai-Ndombe ainsi que des honorables Mbanga et Nimba, tous de la communauté Batende. Ces autorités provinciales auraient financé récemment un match de football à Mantsele, chef-lieu du groupement de Batende, aux fins de sceller une « prétendue » réconciliation entre les deux communautés antagonistes.

La jeunesse de Banunu Bobangi n’adhère pas à cette démarche et l’a fait savoir dernièrement dans une déclaration, estimant qu’il s‘agit là d’une fuite en avant consistant, pour les présumés auteurs de crimes graves perpétrées à la cité de Yumbi, dans les localités Nkolo-Yoka et Bongende en décembre 2018, de vouloir se soustraire de la justice. Et de réitérer la position officielle de la communauté Banunu Bobangi qui peut se résumer en ces termes : « Pas de réconciliation sans justice ».

Un complot bien planifié

Les auteurs de la déclaration confirment la thèse d’un complot politico-ethnique ourdi contre leur communauté, financé et prémédité par une poignée des leaders Batende visant à asseoir leur hégémonie avec, à la clé, un projet bien planifié d’extermination des Banunu Bobangi. Il s’agit, arguent-ils, d’une situation délibérément créée, à la veille des élections, par des politiciens véreux pour se débarrasser des Nunu et baliser la voie à un succès électoral.

Les jeunes Banunu Bobangi stigmatisent également le rôle ambigu joué par certaines autorités locales lors desdits massacres perpétrés sous la barbe du gouverneur de la province de Maï Ndombe et du chef de secteur de Mongama, tous curieusement de souche Batende. En outre, le conflit foncier résultant de l’enterrement d’un chef de groupement Nunu sur des terres revendiquées par les Batende ne serait qu’un prétexte trouvé pour justifier ces massacres, allèguent les jeunes Banunu Bobangi qui,  par ailleurs, voudraient bénéficier de la même attention accordée par les autorités à la situation sécuritaire qui prévaut à l’Est du pays.        

Pas de réconciliation de façade

De la sorte, la jeunesse Banunu Bobangi réfute toute réconciliation envisagée entre les deux tribus avant l’établissement des responsabilités sur le plan judiciaire, notant, au passage, qu’une telle dynamique n’a pas reçu le quitus du bureau qui, en plus, n’a mandaté aucun notable pour engager la communauté. « Cette réconciliation qui n’en est pas une, n’est rien d’autre qu’une provocation et menace de plus envers notre communauté », peut-on lire dans la déclaration des jeunes Banunu qui, en outre, appellent les auteurs du génocide au calme tout en les exhortant à « arrêter de tromper foncièrement l’opinion nationale et internationale qu’il y aurait eu une quelconque réconciliation ».

Considérant que les actes ignobles commis à Yumbi ne resteront pas impunis avec l’avènement de l’Etat de droit tant prôné par le président de la République, Felix-Antoine Tshisekedi, la jeunesse Banunu Bobangi déclare faire confiance à la justice congolaise. D’où son exhortation à  la Haute cour militaire pour « accélérer le procès afin que les auteurs tant matériels qu’intellectuels de cette barbarie humaine commise à Yumbi répondent de leurs actes ». Entre temps, plusieurs centaines des Banunu sont actuellement refugiés à Makotimpoko et Bouemba,  au Congo Brazzaville, et attendent désespérément voir les conditions de vie à Bongende être améliorées et la sécurité rétablie pour amorcer le retour sur leurs terres.   Pour rappel, près de cinq cents Nunu-Bobangi ainsi qu’un nombre non négligeable des riverains assimilés ont été suppliciés et exécutés de sang-froid, les 16 et le 17 décembre 2018 à Yumbi, Bongende et Nkolo-Yoka.

     

Alain Diasso

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