Diplomatie : la Monusco prend acte de la décision d'expulsion de son porte-parole

Jeudi 4 Août 2022 - 12:30

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Le dossier de l’expulsion du porte-parole de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) tel que demandé mercredi par le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, continue à faire jaser.

Le fonctionnaire onusien Mathias Gillmann est donc sommé de quitter le territoire congolais dans les meilleurs délais pour avoir tenu des propos jugés «indélicats et inopportuns » à l’encontre des forces armées de la RDC. Au cours d’une intervention médiatique, en effet, Mathias Gillmann aurait affirmé que les rebelles du M23 sont dotés d'armes plus sophistiquées que la force onusienne et les Fardc. Des propos qui n’ont fait qu’exacerber des tensions entre la population civile et la Monusco, particulièrement dans les villes de la partie Est du pays, notamment à Goma, Butembo, Beni (Nord-Kivu) et Uvira (Sud-Kivu). Pour le gouvernement, une telle prise de position venant de la part d’un membre du personnel de la Monusco est non seulement démobilisatrice, mais aussi n’incite guère à l’optimisme quant au rôle de la mission onusienne en RDC. En réaction, le gouvernement a publié un communiqué dans lequel il exprime ouvertement sa désapprobation tout en appelant à l’expulsion du Français Mathias Gillmann.   

« Le gouvernement de la RDC considère que la présence de ce fonctionnaire sur le territoire national n'est pas de nature à favoriser un climat de confiance mutuelle et de sérénité si indispensable entre les institutions congolaises et la Monusco, en vue, non seulement du meilleur accomplissement du mandat confié à cette dernière par le Conseil de sécurité des Nations unies, mais aussi de faire aboutir le plan de transition aux fins de son retrait définitif de la RDC d'ici à l'horizon  2024 comme convenu », peut-on lire dans le communiqué du ministère congolais des Affaires étrangères signé le 28 juillet dernier. En affirmant indirectement la supériorité du M23 en termes d’équipements sur les Fardc, Mathias Gillmann aurait confirmé l’impossibilité de la Monusco à combattre, ou mieux, à éradiquer les terroristes de M23 et à protéger la population en exécution des différentes résolutions du Conseil de sécurité. A quoi sert alors la présence des Casques bleus à l’Est de la RDC, peut-on s’interroger. C’est tout le sens des manifestations de ces derniers jours à l’Est du pays dont l’objectif est de voir la Monusco se retirer dans l’immédiat des zones qu’elle occupe.          

En réaction, la mission onusienne a, dans un communiqué, déclaré avoir pris acte de cette « décision du gouvernement de la République démocratique du Congo de demander à un membre de son personnel de quitter le pays ». Toutefois, la Mission dit s'engager « à continuer de travailler aux côtés de la population et des autorités congolaises pour mettre en œuvre le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité », ajoute le communiqué.

Pour rappel, depuis le 25 juillet, des manifestants en colère ont saccagé et pillé des installations de la Monusco présentes en RDC depuis 1999. Ils accusent la Monusco d’inertie et d’incapacité à mettre hors d’état de nuire les forces négatives qui fulminent dans la région conformément à son mandat. Quatre Casques bleus et trente-deux manifestants ont été tués en une semaine de manifestation dans au moins quatre villes de l'est, selon un bilan officiel.

La Monusco est une des plus importantes missions onusiennes déployées dans le monde avec quelque 14.000 militaires dans plusieurs villes de l'est. Depuis 2019, les mouvements pro-démocratie et quelques élus locaux appellent au départ de la Monusco.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une patrouille de la Monusco

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