Basket : Joel Embiid naturalisé

Vendredi 19 Août 2022 - 15:06

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C’est une affaire qui fait jaser en Afrique et plus particulièrement au Cameroun. 2,13 mètres, 127 kg, le pivot des Sixers de Philadelphie, et meilleur marqueur de la NBA lors de la dernière saison régulière avec plus de 30 points en moyenne par match, une première pour un joueur africain. Né à Yaoundé, capitale du Cameroun, Joel Embiid est devenu français à la suite de sa naturalisation obtenue en ce mois d’aout 2022.

C’est une longue histoire qui remonte à 2016 et qui ne plaît pas en Afrique. Mais à l’époque ce n’était que des rumeurs. Joel Embiid voulait devenir français. Pourquoi ? peut-on légitimement se poser la question. Les réponses à cette question sont nombreuses et peuvent aller dans tous les sens. Mais la simple réalité est qu’une fois de plus l’Afrique vient de se faire piller un de ses meilleurs talents. En devenant français, Embiid serait donc disponible pour jouer avec la sélection française s’il est sélectionné, puisque l’intérieur n’a encore jamais évolué avec une sélection nationale. Son pays natal, le Cameroun, le drague depuis plusieurs années et espérait en faire une tête de gondole pour sa sélection, et plus largement pour le basket africain. Le joueur lui-même disait en 2018, date des premières rumeurs sur son choix d’équipe nationale : « je veux jouer pour mon pays. Si j’ai un choix à faire, ce sera le Cameroun en premier, s’il y a un bon cadre, parce que c’est de là que je viens », clamait-il à l’époque.

A la suite de l’annonce de la naturalisation d’Embiid, le sélectionneur du Cameroun, l’ancien basketteur Sacha Giffa a simplement déclaré : « Cette naturalisation est triste pour le continent africain ».

La naturalisation d’Embiid passe mal sur le plan éthique parce qu’à ce jour, les liens entre le natif de Yaoundé et la France restent plutôt minces. Ce dernier n’a jamais joué dans l’Hexagone, que ce soit en professionnels, ou durant sa formation. L’institut national des sports et de l’éducation physique (INSEP) aurait pu l’accueillir dans sa jeunesse, mais le joueur avait finalement pris la direction des Etats-Unis à l’âge de 16 ans. Il aurait pris la nationalité américaine cela aurait été même plus compréhensible pour nombreux africains puisqu’il évolue et vit dans ce pays depuis plus d’une décennie.

Une naturalisation qui passe mal

La question même des joueurs évoluant avec des passeports obtenus en cours de carrière fait jaser depuis de nombreuses années dans le basket européen. De nombreuses sélections ont profité de la réglementation pour aligner des joueurs qui, pour certains, n’avaient jamais mis les pieds dans le pays en question avant d’en porter les couleurs. Le meneur américain Bo McCalebb avait emmené la Macédoine en demi-finale de l’Euro 2011, alors que la sélection n’avait jamais fait mieux que le tour principal de la compétition. La Slovénie a décroché le titre 2017 à la surprise générale avec dans ses rangs l’américain Anthony Randolph. L’ex-joueur NBA avait obtenu son passeport quelques semaines seulement avant la compétition « pour avoir plus d’exposition dans un tournoi majeur », avait-il admis.

Malheureusement le cas Embiid est loin d'être inédit. L’équipe de France s’appuie régulièrement sur des joueurs naturalisés depuis les années 1970 et les changements de loi quant aux nationalités, mais aussi des règlements du basket international. Du pionnier togolais Firmin Onissah en 1973 à Joakim Noah (Fils de Yannick Noah) qui avait participé à l’Euro 2011, la France a toujours bénéficié de ces doubles passeports venus du continent africain. En attendant, certains observateurs (pas seulement africains) voient dans cette naturalisation une démarche opportuniste de la part de la France. Bref un nouveau pillage de l’Afrique.

 

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Joel Embiid

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