Situation carcérale : la FBCP fustige l’immobilisme des autorités politico-judiciaires

Mercredi 21 Septembre 2022 - 17:30

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La Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP) regrette que rien ne soit mis en place pour l’amélioration de la situation carcérale, malgré la publication, le 23 août dernier, de son rapport sur la surpopulation des prisons et la recommandation de la ministre en charge de la Justice, Rose Mutombo Kiese, faite aux magistrats pour un contrôle judiciaire dans les parquets, cours et tribunaux sur toute l’étendue du pays et principalement dans la prison centrale de Makala et la prison militaire de Ndolo.

 

La FBCP, pour se convaincre de l'immobilisme des autorités politico-judiciaires face à toutes les dénonciations faites, cite sa délégation descendue le 20 septembre à la prison centrale de Makala pour un travail de monitoring. « Il est difficile pour nous de marcher ou de faire les cent pas parce qu’il y a des gens partout, voire dans les toilettes, transformées en dortoir par manque d’espace », a indiqué un prisonnier à cette délégation. Selon cette fondation, la situation des détenus devient de plus en plus insupportable à cause de la surpopulation et d’autres carences logistiques et sanitaires.

 

 « Où est l’État de droit ? Parce qu’un prisonnier a le droit de vivre comme tout le monde, surtout que 80 % des pensionnaires de cette prison ne sont que des détenus préventifs. Et dans un État de droit, lorsqu’un détenu est décédé en prison, l'État devrait dédommager sa famille. Mais hélas ! », a souligné la FBCP dans son communiqué du 21 septembre signé par son président, Emmanuel Adu Cole. Elle a fait savoir que sa délégation a visité plusieurs personnes, en commençant par le pavillon 9 réservé aux femmes où il y a 261 détenues. A l’en croire, il y a dans ce pavillon vingt-cinq femmes et deux enfants accompagnés de leurs mères transférées de Bunia, dans la province de l’Ituri. La FBCP indique qu’il y a également dans ce pavillon une vingtaine de femmes qui souffrent des troubles comportementaux. « Selon certains témoins, celles-ci mangent leurs propres excréments et dérangent tout le monde. Toutes sont accusées de participation à un mouvement insurrectionnel », a-t-elle souligné, se demandant comment les autorités peuvent-elles se permettre de mélanger des détenus qui ont des problèmes comportementaux aux autres.

L'Organisation non gouvernementale (ONG) fait, par ailleurs, savoir que sa délégation a aussi rencontré l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund, qui, très fâché, a sollicité des défenseurs des droits de l’homme de dire au peuple congolais que l’Etat refuse d’appliquer la décision de sa mise en résidence surveillée. « Il réclame un procès public et médiatisé. Si non, il ne comparaitrait pas devant le tribunal », a fait savoir la FBCP. Sa délégation a, en outre, rencontré le lieutenant-général Philémon Yav, ancien commandant de l’armée en Ituri, transféré à la prison centrale de Makala, le 19 septembre dernier. Celui-ci, qui continue à clamer son innocence, aurait souligné sa confiance en la justice congolaise qu’il attend faire son travail.

Plus de six-cents militaires à la prison centrale de Makala

Dans son monitoring de ce lieu carcéral, la FBCP y a identifié 614 militaires dont six généraux détenus. « Notre crainte est celle d’une possible évasion qui pointe à l'horizon à la prison centrale de Makala si rien n'est fait dans l’immédiat pour trouver la solution, notamment sur le transfèrement de ces militaires dans des prisons leur réservées », a indiqué la FBCP, affirmant avoir aussi constaté le manque en stocks des médicaments depuis un mois alors que certains ne sont arrivés que le 20 septembre. Les effectifs actuels de la prison centrale de Makala, indique-t-elle, signalent 10 00 détenus dont 2 573 seulement sont condamnés.

Cette ONG réitère ainsi son cri d’alarme en direction des autorités politico-judiciaires, particulièrement au président de la République, qui est le commandant suprême de la magistrature, de peser de tout son poids pour que la justice congolaise respecte la Constitution du 18 février 2006 et les lois judiciaires en matière de détention préventive et la prononciation des arrêts dans les délais prévus par la loi. « Et, nous lui demandons également de prendre des sanctions très sévères contre les magistrats indisciplinés sans distinction de race, province ou appartenance », a souligné cette ONG. Elle attend que l’Assemblée nationale fasse le contrôle sur les ministres et demande au gouvernement de respecter la Constitution du 18 février 2006 et autres instruments juridiques nationaux et internationaux signés et ratifiés par le pays. Quant à la communauté internationale, il lui est demandé d'envisager des sanctions contre la RDC pour non-assistance à personne en danger de mort.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Emmanuel Adu Cole et son collègue, lors de la présentation d'un rapport sur les prisons en RDC/Adiac

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