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Capitanat

Samedi 8 Octobre 2022 - 18:17

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Le cycle de remplacements inattendus se poursuit à la tête du Burkina Faso, pays des hommes intègres. L'histoire en témoigne. Il était une fois un officier supérieur de l’armée, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, qui, voulant apporter un nouvel élan dans la lutte engagée par son pays contre la nébuleuse djihadiste, décida d’écourter brutalement le mandat du président Roch Marc Christian Kaboré.

Fraîchement réélu pour un second mandat censé être le dernier, celui-ci n’eut que le temps de constater les dégâts. Son armée, commandée par des têtes couronnées, ne put empêcher qu’un moins gradé prenne les devants et le pouvoir d’Etat. Et ce moins gradé obtint du président en poste la signature sur papier volant d’une lettre de démission à la limite de l’humiliation.

Paul Henri Damiba se fît investir rapidement au palais, héritant de la prestigieuse appellation de président du Faso. Il ne voulut à aucun moment se départir de son treillis et de son béret rouge. En l’occurrence, ce qui comptait le plus n’était pas les attributs du pouvoir qui lui revenaient de droit ; ce qui comptait, c’était de remonter là-bas, au front, et mener la vie dure aux audacieux et insaisissables rebelles coupables d’actes crapuleux contre les forces armées et la population civile.

Sur le terrain, le résultat s’est fait attendre trop longtemps. Les exactions contre des innocents se sont multipliées. Les partenaires régionaux et internationaux se sont impatientés, l’isolement du pays ne s’est pas brisé. A Ouagadougou, la capitale du Faso, le pouvoir kaki a pris de l’étoffe, mais en contrevenant aux engagements pris huit mois auparavant, le 24 janvier, quand le chef de l’État élu fut déposé.Tout semblait à refaire.

Cette fois, un capitaine a pris de l’avance. Ibrahim Traoré est apparu à la télévision nationale, le 30 septembre, à droite de son porte-parole bardé comme lui de gadgets de transmissions et entouré d’une pléiade de fidèles. Pour déclarer sa prise du pouvoir. On comprend : le Burkina Faso a eu le capitaine Sankara, le capitaine Compaoré, et finalement le capitaine Traoré. Il va falloir attendre ce que ce dernier décidera pour ses compatriotes.

Comme lors de l’avènement de l’équipe Damiba, la rue burkinabé a sautillé de joie. Puis l’a réprouvée au profit de celle conduite par le jeune capitaine, le troisième de la série de ceux ayant pris le pouvoir par les armes. Capitaine, tes frères d’armes et tes concitoyens te regardent faire. On ne saurait dire pendant combien de temps. Car comme disait l’autre, le temps va son temps.  

Gankama N’Siah

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