COP27: un monde divisé au chevet d'une planète en danger

Lundi 7 Novembre 2022 - 10:31

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Les représentants d'un monde divisé et dans la tourmente se retrouvent, depuis le 6 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte, pour deux semaines de sommet, au chevet d'une planète ballottée par les catastrophes climatiques et toujours sur la voie d'un réchauffement catastrophique.

Plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus les 7 et 8 novembre pour le « sommet des leaders » de la COP 27 sur le climat, dans un contexte de crises multiples et liées à la guerre en Ukraine, aux tensions inflationnistes et au spectre de récession mondiale, des crises énergétique, alimentaire et de la biodiversité. Ce qui risque de reléguer au second plan la crise climatique pourtant « existentielle, primordiale et omniprésente », selon les termes du  chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, président de la COP27.

Des engagements insuffisants avant la COP27

Les rapports alarmants se sont multipliés depuis la COP26 à Glasgow, en Ecosse. Près de 200 pays s'étaient engagés à « maintenir en vie » l'objectif de l'accord de Paris, conclu en 2015, visant à contenir le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Mais depuis, seulement 24 pays ont relevé leurs engagements et l'Organisation des Nations unies (ONU) ne voit « aucune piste crédible » pour tenir cet objectif. Et même si tous les pays tenaient leurs promesses, le monde serait sur une trajectoire de réchauffement de 2,4°C d'ici à la fin du siècle. Avec les politiques actuelles, c'est un catastrophique +2,8°C qui se profile. « Pitoyablement pas à la hauteur », a fustigé le chef de l’ONU, Antonio Guterres. Il n'est pas certain que la COP27 débouche sur de vraies avancées, même  ce que la présidence égyptienne appelle une « conférence de la mise en œuvre ». Le patron de l'ONU-Climat, Simon Stiell, a appelé à laisser de côté les divisions, et à « passer des mots aux actes […]», ajoutant: «  Paris nous a montré ce qu'il fallait faire. Glasgow nous a montré comment. A Charm el-Cheikh, il faudra le faire ».

Face à aux actions de désobéissance civile en Europe, quelles sanctions ?

Le regain de tensions entre les deux principaux pollueurs mondiaux, Etats-Unis et Chine, pèse sur la conférence. Le président chinois, Xi Jinping, ne viendra pas et l'Américain Joe Biden devrait passer rapidement après les élections de mi-mandat du 8 novembre à Charm el-Cheikh. « Si les deux plus gros émetteurs ne se parlent pas, nous n'arriverons pas à tenir 1,5°C », prévient Li Shuo, de Greenpeace Chine. Or, à presque 1,2°C de réchauffement actuellement, les impacts catastrophiques se multiplient déjà, comme l'a montré 2022 : inondations au Pakistan, avec un tiers du pays sous les eaux, ou au Nigeria, canicules, mégafeux et sécheresses affectant les récoltes. L’autre dossier concerne les financements pour aider les pays pauvres à s'adapter aux effets du réchauffement climatique. La prise de conscience s'est accentuée dans les pays développés, eux aussi de plus en plus touchés, notamment sur les financements, probablement le sujet le plus contentieux au menu de la COP27. Les pays riches n’ont toujours pas tenu leur engagement depuis 2009 de porter à 100 milliards de dollars par an leurs financements pour aider les pays pauvres à baisser les émissions et s’adapter aux effets du changement climatique.  

Plafonné à 83,3 milliards de dollars en 2020, selon le dernier bilan, ce montant est contesté par l'Organisation de coopération et de développement économiques. L'objectif devrait désormais être atteint en 2023. Trop tard, et surtout trop peu, dénoncent les plus pauvres, quasiment pas responsables du réchauffement mais sur la « ligne de front » de ses effets dévastateurs. Le représentant spécial de la présidence égyptienne de la COP27, Wael Aboulmagd, a prévenu  que « cent milliards ne vont même pas commencer à répondre à une fraction des besoins », appelant à « atteindre et dépasser », objectif « important pour la confiance » ébranlée des pays du Sud envers ceux du Nord. Les pays les plus exposés réclament désormais des financements dédiés pour les « pertes et dommages » déjà subis. Mais les pays développés sont très réticents et n'ont accepté en 2021 la création d'un « dialogue » sur la question, prévu jusqu'en 2024. Ils devraient concéder que le sujet soit officiellement à l'ordre du jour à Charm el-Cheikh. L’ambassadeur Wael Aboulmagd appelle à y remédier. La difficulté étant dans les détails, alors que Simon Stiell a réclamé « une discussion ouverte et honnête ». Harjeet Singh, responsable de la stratégie du Climate Action Network, coalition regroupant plus de 1 800 organisations non gouvernementales, s’insurge : « Va-t-on répondre aux plus de trois milliards de personnes qui vivent dans des pays vulnérables ? ».

Noël Ndong

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