Lutte contre le changement climatique : le PNUE demande la multiplication par deux des financements pour la nature d'ici à 2025

Lundi 5 Décembre 2022 - 12:15

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Pour manifester son désarroi quant au manque de stratégies efficaces, capables de permettre aux Etats de lutter et de contrer les effets du changement climatique qui impactent négativement sur l'environnement, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a publié, le 1er décembre, son deuxième rapport intitulé « State of finance for nature ». Le document souligne que les financements pour la nature demeurent insuffisants et il est urgent de les multiplier par deux d'ici à 2025.

Réitérant son appel à l’endroit des Etats et de la communauté internationale sur les effets négatifs que subissent actuellement les pays en développement, le PNUE a précisé que pour limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C, il faut mettre un terme à la perte de la biodiversité, atteindre la neutralité en matière de dégradation des sols et les objectifs de développement durable. Ainsi, il est donc urgent de prendre des mesures radicales en matière de réduction des émissions, de conservation de la nature, de consommation et de production durables.

«Les solutions fondées sur la nature offrent la possibilité de relever toute une série de défis de manière intégrée. Mais, les flux financiers en faveur de ces solutions ne représentent actuellement que 154 milliards de dollars par an, soit moins de la moitié des 384 milliards de dollars d'investissements annuels nécessaires d'ici à 2025. Alors que seulement un tiers des investissements nécessaires d'ici à 2030, soit 484 milliards de dollars par an, est attendu», précise la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, en spécifiant que la science est indéniable. « Et, nous effectuons une transition vers zéro émission nette d'ici à 2050. Et, nous devons aussi réorienter l'ensemble de l'activité humaine afin d'alléger la pression sur le monde naturel dont nous dépendons tous. Mais, cela exige que les investissements en provenance des gouvernements du monde, des entreprises et de la finance augmentent massivement dans les solutions fondées sur la nature, car les investissements dans la nature sont des investissements pour assurer l'avenir des générations futures», a-t-elle poursuivi.

« Notre rapport est publié une semaine avant le début de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP 15) qui aura lieu à Montréal, au Canada. C’est pour permettre aux gouvernements du monde entier d’adopter un accord historique visant à stopper et à inverser la perte de la nature d'ici à 2030 », indique le PNUE. Il ajoute que la mobilisation de ressources pour la mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 figure parmi les principales questions débattues. C’est pourquoi, le PNUE et ses partenaires exhortent les gouvernements à parvenir à un accord fixant un mandat clair, exigeant que le secteur financier aligne ses activités sur des objectifs favorables à la nature.

Augmenter les investissements mondiaux du secteur privé jusqu’en 2025

Selon l’organisation onusienne, pour faire face aux changements climatiques, à la perte de la biodiversité et à la dégradation des sols avec des mesures immédiates, les investissements mondiaux actuels doivent être augmentés de 230 milliards de dollars par an jusqu’en 2025. Car, actuellement, les gouvernements fournissent 83% des flux de financement pour les solutions fondées sur la nature. Mais, en raison des difficultés budgétaires liées aux conflits, à la dette et à la pauvreté, il est peu probable que ces flux augmentent considérablement. Cependant, précise l’agence onusienne, pour y parvenir, le secteur privé doit considérablement augmenter ses investissements par rapport aux niveaux actuels de 26 milliards de dollars par an, soit 17%. Et, il doit augmenter ses investissements dans les chaînes d'approvisionnement durables et réduire les activités ayant des conséquences négatives sur le climat et la biodiversité. Et plus, compenser les effets inévitables par des marchés financiers de la nature à haute intégrité, payer pour les services écosystémiques qu'il utilise et investir dans des activités positives pour la nature.

« L'analyse nous révèle que la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C, plutôt qu'à 2°C, est atteignable à condition que les mesures soient immédiates et moyennant des investissements cumulés supplémentaires de 1500 milliards de dollars, pour un total de 11 000 milliards de dollars entre 2022 et 2050 », signifie le rapport du PNUE. Le document insiste sur le fait que cet investissement supplémentaire doit être axé sur l'agriculture durable et la restauration des tourbières, d’autant plus que l'élimination progressive du charbon et la décarbonatation des systèmes énergétiques ne suffiront pas si des investissements massifs ne sont pas faits dans des solutions naturelles.

« Alors que le monde est confronté à de multiples crises, ce rapport fournit des éclaircissements et montre qu'en augmentant de manière significative les investissements publics et privés dans les solutions fondées sur la nature, il est possible de s'attaquer aux changements climatiques, à la perte de biodiversité et à la dégradation des sols, et de tirer en même temps de nombreux avantages sociétaux et économiques. Nous devons agir maintenant », a déclaré le secrétaire d'État au ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement, Jochen Flasbarth, en exhortant les Etats à élargir les investissements aux écosystèmes marins. Car, seulement 9%, des investissements totaux dans les solutions fondées sur la nature ciblent des solutions fondées sur les océans. De manière disproportionnée, l'océan représente plus de 70% de la surface de la Terre et absorbe environ 25% de toutes les émissions de CO2, ce qui en fait l'un des plus grands puits de carbone au monde, tout en fournissant 17% des protéines de la planète.

« Alors que le Fonds monétaire international met en garde contre les "heures les plus sombres" de la croissance mondiale en 2023, le PNUE, de son côté, a indiqué que les nombreux efforts déployés à court terme par les gouvernements pour stimuler le produit intérieur brut, sans tenir compte du fait que la nature est la fondation de nombreuses économies, pourraient entraîner des coûts plus élevés pour les générations actuelles et futures dans les années à venir. Pour faire face aux défis actuels, des solutions doivent être trouvées et ainsi mettre en place des pratiques qui s'attaquent aux principaux moteurs de la perte de biodiversité, de la dégradation des terres et de la dégradation du climat », conclut le PNUE. L'agence insiste que si la protection de 30% des terres et des océans d'ici à 2030 est un objectif important, pour lequel le déficit de financement est estimé à 17-22 milliards de dollars par an d'ici à 2030, davantage de fonds doivent être consacrés à la restauration de la végétation naturelle et au boisement. De plus, les flux nuisibles provenant de sources publiques doivent être réaffectés et que l'impératif d'une nature positive doit être placé au cœur des politiques économiques, des entreprises et des décisions d'investissement.

Rock Ngassakys

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