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Souveraineté

Samedi 7 Janvier 2023 - 15:45

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Aux quatre coins du monde, le 31 décembre, dernier jour de l’an qui s’en va, les chefs d’Etat et de gouvernement prennent la parole pour s’adresser à la nation. La tradition a été respectée à la fin de l'année 2022 et comme de coutume, chacune et chacun de celles et ceux détenant un mandat de leurs concitoyens ont dressé le bilan des douze derniers mois et se sont projetés vers le nouveau printemps. Avec l’espoir que les défis du temps qui passe seront surmontés dans l’unité et la cohésion.

En fonction des réalités de chaque nation, les dirigeants suivent un protocole de communication particulier. Selon qu’il commence un nouveau mandat, que celui-ci est en cours d’exécution depuis un moment ou s’épuise ouvrant la perspective d’une reconquête du poste au moyen du vote populaire, le propos du chef de l’exécutif est calibré pour rassurer l’opinion de ceux qui l’écoutent à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. 

Quels qu’en soient cependant les impératifs internes auxquels un pays est confronté, il est une dimension commune à ces annonces présidentielles : la magnification de la souveraineté, on pourrait même dire des « souverainetés ». Sur ce recours-là, en principe, tous les pays se valent : des plus vieilles aux plus jeunes nations, des plus puissantes aux modestement classées, l’affirmation de cette forme d’autorité censée être inviolable se double d’une volonté d’indépendance indiscutable.

Les expériences bénéfiques pour la communauté des nations sont celles qui mutualisent leurs énergies pour affronter ensemble les calamités du moment. A titre d’exemple, le dérèglement climatique et ses conséquences sur le quotidien de la population devraient être le marqueur d’une prise de conscience collective. Sur ce point, paradoxalement, les intentions sont bonnes et nombreuses, mais l’effort sur le terrain quasiment nul. Les sommets mondiaux se succèdent au rythme où s’amplifient les désastres.

Dans quelle mesure magnifier sans cesse sa souveraineté peut affecter l’équilibre intercommunautaire ? Dans la mesure où l’on feint d’ignorer qu’ainsi elles sont établies, les nations devraient partager les gains du vivre-ensemble pour un avenir transcontinental apaisé. C’est exactement sur la foi de ces exhortations qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, naquit l’Organisation des nations unies (ONU). Le principe en était qu’il fallait désormais résoudre les problèmes entre Etats par le dialogue.

Soixante-dix-huit ans après, le débat contradictoire est bien sûr toujours de mise dans les travées de l’auguste bâtisse située à New-York, aux Etats-Unis. Bien malin cependant celui qui niera le fait qu’au gré de leurs intérêts, les membres les plus influents de l’ONU, détenteurs de l’inusable droit de véto, l’ont vidé de son prestige des premières années d’existence, sur lequel les jeunes Etats nouvellement admis célébraient l’avènement d’un monde juste et espéraient un avenir radieux.

Aujourd’hui la désillusion est immense quand on observe comment le consensus mondial autour des questions de paix et de stabilité s’effrite de jour en jour. Peut-être un vœu pieux ? Que vite, partout où les armes parlent, la diplomatie revienne au cœur du jeu !

Gankama N'Siah

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