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Cinq facteurs à stopper pour inverser la perte de la nature

Vendredi 13 Janvier 2023 - 12:02

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 L’activité humaine entraîne un million d’espèces végétales et animales vers l’extinction. C’est ce que nous apprend un rapport d’évaluation mondial de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Alors que la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15) s’est conclue récemment à Montréal, au Canada, avec pour résultat un accord mondial visant à stopper et à inverser la perte de la nature, voici cinq facteurs qui, une fois combattus par les gouvernements du monde entier, vont grandement aider à limiter la perte de la nature.

  1. Changements dans l’utilisation des terres et des mers

Le principal facteur de perte de biodiversité est la façon dont l’humanité utilise les sols et la mer. Cela inclut la conversion de couvertures terrestres telles que les forêts, les zones humides et d’autres habitats naturels à des fins agricoles et urbaines. Depuis 1990, environ 4 millions d’hectares de forêts ont été perdus en raison du changement d’utilisation des terres. L’expansion agricole reste le principal moteur de la déforestation, de la dégradation des forêts et de la perte de biodiversité forestière. Les systèmes alimentaires mondiaux sont les principaux moteurs de la perte de biodiversité, l’agriculture étant à elle seule la menace identifiée pour plus de 85 % des 28 000 espèces menacées d’extinction. La récolte de matériaux tels que les minéraux du fond des océans et la construction de villes ont également des conséquences négatives sur l’environnement naturel et la biodiversité. Reconsidérer la façon dont les agriculteurs cultivent et les individus consomment les aliments est un moyen de réduire la pression sur les écosystèmes. Les terres agricoles dégradées et désaffectées peuvent être idéales pour la restauration, ce qui peut contribuer à protéger et à restaurer des écosystèmes essentiels tels que les forêts, les tourbières et les zones humides.

  2. Les changements climatiques

Depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux, entraînant une hausse des températures mondiales moyennes d’au moins 0,7 degré Celsius. Le réchauffement de la planète affecte déjà les espèces et les écosystèmes du monde entier, en particulier les écosystèmes les plus vulnérables tels que les récifs coralliens, les montagnes et les écosystèmes polaires. Certains éléments indiquent que les hausses de température induites par le changement climatique pourraient menacer jusqu’à une espèce sur six au niveau mondial. 

Les écosystèmes tels que les forêts, les tourbières et les zones humides représentent des réserves de carbone importantes au niveau mondial. Leur conservation, leur restauration et leur durabilité sont essentielles pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. En travaillant avec la nature, il est possible de réduire les émissions de 11,7 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone par an d’ici à 2030, soit plus de 40 % de ce qui est nécessaire pour limiter le réchauffement de la planète.

  3. Pollution

La pollution, notamment celle provenant des produits chimiques et des déchets, est un facteur majeur de modification de la biodiversité et des écosystèmes, avec des effets directs particulièrement dévastateurs sur les habitats d’eau douce et marins. Les populations de plantes et d’insectes diminuent en raison de l’utilisation persistante d’insecticides hautement dangereux et non sélectifs.

La pollution plastique marine a été multipliée par dix depuis 1980, affectant au moins 267 espèces animales, dont 86 % des tortues marines, 44 % des oiseaux de mer et 43 % des mammifères marins. La pollution de l’air et des sols est également en hausse.

À l’échelle mondiale, le dépôt d’azote dans l'atmosphère est l'une des menaces les plus graves pour l'intégrité de la biodiversité mondiale. Lorsque l’azote se dépose sur les écosystèmes terrestres, une cascade d'effets peut se produire, entraînant souvent un déclin général de la biodiversité.

La réduction de la pollution de l’air et de l’eau et la gestion sûre des produits chimiques et des déchets sont essentielles pour lutter contre la crise de la nature.

  4​.Exploitation directe des ressources naturelles

Le rapport de l’IPBES sur l’utilisation durable des espèces sauvages révèle que l’utilisation non durable des plantes et des animaux ne menace pas seulement la survie d’un million d'espèces dans le monde, mais aussi les moyens de subsistance de milliards de personnes qui dépendent des espèces sauvages pour leur alimentation, leur combustible et leurs revenus. Selon les scientifiques, stopper et inverser la dégradation des terres et des océans peut empêcher la disparition d’un million d’espèces menacées. En outre, la restauration de seulement 15 % des écosystèmes dans les zones prioritaires permettra d’améliorer les habitats, ce qui réduira les extinctions de 60 % en améliorant les habitats.

  5. Espèces invasives

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des animaux, des plantes, des champignons et des micro-organismes qui ont pénétré et se sont établis dans l’environnement en dehors de leur habitat naturel. Les EEE ont des effets dévastateurs sur la vie végétale et animale indigène, provoquant le déclin, voire l'extinction, des espèces indigènes et affectant négativement les écosystèmes.

L’économie mondiale, avec l’augmentation du transport de marchandises et des déplacements, a facilité l’introduction d’espèces exotiques sur de longues distances et au-delà des frontières naturelles. Les effets négatifs de ces espèces sur la biodiversité peuvent être intensifiés par les changements climatiques, la destruction des habitats et la pollution. Les EEE ont contribué à près de 40% de toutes les extinctions d’animaux depuis le XVIIe siècle, lorsque la cause est connue. Les EEE sont un problème mondial qui nécessite une coopération et une action internationale. La prévention du mouvement international de ces espèces et la détection rapide aux frontières sont moins coûteuses que le contrôle et l’éradication.

Boris Kharl Ebaka

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