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Kinshasa-Kigali: route longue

Dimanche 5 Février 2023 - 15:30

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A la fin de cette année, une élection présidentielle se tiendra en République démocratique du Congo (RDC). Convaincu qu’il lui faut accomplir un second exercice à la tête de son pays pour achever les chantiers lancés ces cinq dernières années, le président Félix Tshisekedi se prépare à solliciter les suffrages de ses compatriotes.

A son tour, le Rwanda voisin convoquera ce même type de scrutin en 2024. Même s’il déclare attendre encore avant de se prononcer sur son éventuelle candidature, le président Paul Kagame mettra sans doute en avant les défis qui lui tiennent à cœur pour appeler à nouveau ses concitoyens à lui accorder leur confiance. Dans les deux cas de figure, les lois fondamentales l'autorisent.

Mettons que les deux dirigeants parviennent à atteindre l’objectif de rester encore cinq ans au pouvoir, quel sort réserveront-ils aux relations entre Kinshasa et Kigali ? Le même que celui qui en fait désormais deux Etats voisins refusant de s’adresser la parole ?

Le climat extrêmement tendu observé de part et d’autre de la frontière RDC-Rwanda a franchi une nouvelle étape. Auparavant, les soldats tentaient autant que faire se peut de repousser les attaques attribuées aux groupes rebelles identifiés comme « forces négatives » par la communauté internationale. Et se rejetaient mutuellement le tort d’encourager d’une façon ou d’une autre, ou simplement de ne pas être suffisamment intéressés à neutraliser les rebelles.

Dans ce processus inextricable à Kinshasa comme à Kigali, certaines composantes de ces « forces négatives » sont taxées d’œuvrer à la déstabilisation du voisin : le Mouvement du 23 mars 2009 (M23) serait ainsi lancé contre la RDC et les Forces démocratiques de libération du Rwanda contre le Rwanda.

Le relais de la récrimination réciproque en a été pris par les plus hautes autorités. Les dernières sorties dans la presse internationale des présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame montrent que le dossier de l’Est de la RDC pourrait ne pas trouver preneur si, avec la chance d’être reconduits à la tête de leur pays en 2023 et 2024, les deux présidents poursuivaient ce dialogue de sourds.

Et même si la chance ne leur souriait pas (une présidentielle n’est pas gagnée à l’avance), les deux chefs d’Etat laisseraient à leurs éventuels successeurs, et bien plus à leurs peuples, un héritage explosif. Là n’est pas leur souhait le plus ardent quand on en juge par le sacrifice qu’ils consentent, chacun avec sa démarche et ses arguments, à améliorer les conditions de vie de ceux-ci.

Les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame peuvent se parler ; ils devraient se parler. Autant que les moyens ils en ont l’irréfragable responsabilité.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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