Modification du rayonnement solaire: publication d’un rapport pointant les risques et les impacts

Vendredi 10 Mars 2023 - 12:14

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Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a récemment publié un rapport qui examine l’état de la recherche ainsi que les risques et les impacts potentiels de la modification du rayonnement solaire (MRS), un groupe de technologies visant à refroidir la planète.

En consultation avec d’autres entités des Nations unies, un groupe d’experts indépendants a entrepris un examen de l’état actuel des connaissances sur la MRS afin d’aider à informer la communauté mondiale sur ses effets environnementaux et sociaux potentiels. Il est clair depuis un certain temps qu’un nombre croissant d’Etats membres et de partisans ainsi que de détracteurs de la MRS demandent une évaluation internationale des dernières connaissances afin d’éclairer les décisions nationales, la politique environnementale et la gouvernance mondiale dans ce domaine. En réunissant un groupe d’experts multidisciplinaires, cet examen rapide a aidé le PNUE à comprendre les dernières recherches et ce que l’on sait et ne sait pas sur la MRS. Sur la base de ce travail et des conclusions du groupe d’experts, le PNUE est profondément préoccupé par le manque de connaissances empiriques sur les risques potentiels, les impacts et les conséquences involontaires. Il cherche à en savoir plus et nous soutient l'appel à un processus d'examen scientifique complet, inclusif et représentatif au niveau mondial. 

Mieux comprendre la MRS

La MRS comprend des technologies visant à refroidir la planète, dont la plus aboutie est l’injection d’aérosols stratosphériques. Il s’agit d’injecter des aérosols dans la stratosphère, de sorte qu’une petite quantité de lumière solaire est délibérément réfléchie dans l’espace pour refroidir la planète. Ce processus est similaire à ce qui se passe lorsque des volcans entrent en éruption et que des aérosols pénètrent dans la stratosphère, ce qui entraîne un refroidissement mesurable.

Bien que la littérature et la modélisation avancée sur le sujet qui se développe depuis de nombreuses années soient de plus en plus nombreuses, il existe très peu de preuves ou de recherches sur les risques et les impacts de la MRS. Le rapport souligne ces limites dans la base de preuves. Le PNUE est préoccupé par le fait que si la littérature scientifique montre que la MRS, et plus particulièrement l'injection d'aérosols stratosphériques, peut refroidir la planète, il y a un manque de données sur ses risques et ses conséquences. Le monde a besoin de beaucoup plus d'informations pour étayer la prise de décisions relatives aux technologies susceptibles de modifier la chimie de la stratosphère.

Le rapport décrit plusieurs risques, notamment la réaction du climat et des systèmes environnementaux de la Terre à la MRS. Il examine en quoi ces changements incertains pourraient affecter la santé humaine et les écosystèmes naturels, en soulignant le manque de recherche sur ces aspects. Il examine également si les décisions seraient prises de manière inclusive, équitable et transparente. Le document souligne aussi que les discussions sur la MRS pourraient détourner des ressources financières, politiques et intellectuelles des efforts d’atténuation et d’adaptation, ce que l’on appelle le « risque moral ». Enfin, le rapport explique en quoi le déploiement de la MRS pourrait entraîner des risques sociétaux, notamment des conflits internationaux, et comment la technologie pourrait soulever des questions éthiques, morales, juridiques et de justice.

Le document souligne qu’un processus inclusif impliquerait une discussion sur un large éventail de questions avec toutes les parties prenantes, car la plupart d'entre elles, en particulier celles du Sud, ne sont pas actuellement engagées dans le débat sur la MRS. Il indique que les Nations unies sont bien placées pour promouvoir une conversation mondiale responsable sur la MRS qui pourrait contribuer à faire respecter les normes les plus élevées en matière d’équilibre, de rigueur et d’exactitude.

Le PNUE est d’accord avec le groupe d’experts pour dire qu’à l’heure actuelle, le déploiement à grande échelle ou opérationnel des technologies de MRS n’est pas nécessaire, viable, prudent ou suffisamment sûr, étant donné la compréhension scientifique limitée et l’incertitude quant à ses effets potentiels et à ses conséquences involontaires. L’étude conclut que la MRS ne peut pas remplacer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Même si cette technologie est déployée, les efforts d’atténuation resteront essentiels pendant les décennies à venir.

Boris Karl Ebaka

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