Institut national des arts: le décès du directeur général crée un vide énorme

Vendredi 10 Mars 2023 - 13:58

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Pianiste au départ, le professeur en ethnomusicologie Damien Pwonodont le talent avait explosé dans plusieurs autres domaines, notamment dans l’entrepreneuriat culturel et la diplomatie culturelle, est décédé aux États-Unis, à Pittsburgh, le 7 mars, a indiqué le Pr Yoka Lye.

Directeur général de l’INA, le Pr. Damien Pwono a tiré sa révérence (DR)Chef de cabinet adjoint au ministère de la Coopération internationale, de l’Intégration régionale et de la Francophonie depuis 2019 à sa mort, le Pr Damien Pwono avait pris la direction de l'Institut national des arts (INA) le 12 mars 2022. « La mort du Pr Damien Pwono, malade depuis quelques temps, est une perte immense pour l’Institut national des arts (INA) », a affirmé au "Courrier de Kinshasa" le Pr  Yoka Lye.

Encore sous le choc de cette disparition qui l’affecte beaucoup, le dramaturge a poursuivi : « Ce n’est pas une formule protocolaire que de le dire. C’est quelqu’un que je connais depuis près de cinquante ans ». Bien plus, a-t-il ajouté à propos de l’illustre disparu : « Il est un cas rare des personnes qui ont étudié à l’école secondaire de l’INA, l’Inas. Il a fait un parcours complet comme artiste de l’INA. Du secondaire, il est passé au supérieur, puis est allé aux États-Unis où il a poursuivi ses études ».

Expert chevronné reconnu dans l’univers culturel à l’échelle internationale, le Pr Damien Pwono a travaillé bénévolement durant deux ans au Conseil international de la musique à l’Unesco, en qualité de secrétaire général. Il a co-organisé le premier forum mondial de la musique à Los Angeles, aux Etats-Unis, en octobre 2005, avant de créer sa propre agence, la "Cultural engenering". En 2007, il a occupé le poste de  directeur exécutif à la Global initiative on culture & Society à Aspen institute, à Washington, pendant cinq ans. Pourtant, il était pianiste au départ tel que l’a précisé le Pr Yoka. En effet, le défunt s’est perfectionné au-delà de la pratique musicale, allant jusqu’à décrocher un diplôme de doctorat en ethnomusicologie, à l’Université de Pittsburgh, en Pennsylvanie, en 1992. Fort de ses connaissances, il a dès lors commencé à réaliser des séminaires sur des thématiques alliant culture et développement. De fil en aiguille, il a évolué et fait ses armes dans les secteurs de l’entrepreneuriat et l’anthropologie culturel . Désireux de faire profiter sa patrie, la République démocratique du Congo, de son expertise, « il est revenu au pays à un moment où personne ne s’y attendait », a souligné le Pr Yoka. Alors directeur général de l'INA, il a confié : «  Je l’ai fait nommer professeur full à l’INA » et  fut donc l’un des enseignants émérites de 2012 à 2018.

Prestigieux authentique acteur culturel

Le Pr Yoka souligne qu’en parallèle de l’enseignement, le Pr Damien Pwono a occupé d’autres postes importants. C’est notamment en sa qualité de conseiller spécial au ministère de l’Intégration régionale qu’il a bataillé dur pour une meilleure localisation de l’INA. Le nouvelliste a soutenu qu'« En grande partie, c’est grâce à lui que nous avons eu à établir, avec des experts chinois, la stratégie pour la construction du nouveau site du campus de l’INA en face du Palais du peuple ». Il a précisé que le disparu « a beaucoup contribué comme expert car à l’époque, le ministère de l’Intégration régionale s’occupait du dossier. Et, c’est une providence qu’il se soit trouvé à ce ministère à ce moment-là. Il est vrai que d’autres personnes y ont contribué, chacun à sa manière, mais franchement, c’était lui l’expert de pointe. Je luis dois beaucoup ».Remise et reprise entre les Professeurs Yoka Lye et Damien Pwono Mandondo, le 12 mars 2022 à l’INA (DR)

Du reste, l’ancien directeur général de l’INA s’est dit toujours conforté par l’expérience que s’était forgée son successeur le long de son cheminement professionnel. Savoir qu’à partir de 1993 et durant les cinq années suivantes, il était le « conseiller principal de programme pour les arts et les sciences humaines à la Rockefeller Foundation » à New-York, aux États-Unis, et à Nairobi, au Kenya. A la suite de cette fonction, il est devenu responsable de programme pour les médias, les arts et la culture au sein de la Ford Foundation de 1998 à 2003.

C’est au bout de ses prestations successives dans ces institutions que le Pr Damien Pwono a collaboré bénévolement avec l’Unesco comme susmentionné. Un prestigieux authentique acteur culturel qui a tiré sa révérence. « Pour toutes ces raisons-là, sa mort constitue une perte immense pour l’INA pour qui il avait des perspectives très ambitieuses. Toujours à sa manière, un fonceur, un visionnaire qui a des idées et sait les faire appliquer quoiqu’il en coûte. Et donc, pour moi, cela crée un vide énorme », a confié le Pr Yoka Lye qui se souvient avoir reçu de sa part, à plusieurs reprises, des invitations à des rencontres internationales.

Rappelons qu’en 2022, le Pr Damien Pwono avait été le numéro deux du comité d’organisation des IXes Jeux de la Francophonie. Fier de son homme, le Pr Yoka a reconnu en définitive qu' « Il était chargé des opérations, de la stratégie sur le terrain. Je connais ses compétences, il avait fait ses preuves à chaque fois ». En outre, a-t-il révelé : « Damien Pwono m’a apporté la transversalité dans le domaine de la discipline culturelle. Le fait que les arts aujourd’hui ne sont plus consignés dans des domaines très ciblés, les uns ont des passerelles qui mènent vers les autres ».

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1- Le directeur général de l’INA, le Pr Damien Pwono, a tiré sa révérence /DR 2 : Remise et reprise entre les Prs Yoka Lye et Damien Pwono Mandondo, le 12 mars 2022 à l’INA /DR

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