Art : Beni Baras, des rues de Kinshasa jusqu’à la renommée

Vendredi 24 Mars 2023 - 11:53

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A moitié Congolais, à moitié Belge et complètement hors-norme. Hier à la rue, aujourd’hui à Pointe-Noire, Beni Baras trace, à l’image de ses œuvres, un chemin improbable.

 

La culture de Ponton la Belle vient d’adopter en son sein un nouvel arrivant venu de l’autre côté du fleuve Congo. Et pas n’importe quel arrivant : Beni Baras est un artiste. Et pas n’importe quel artiste !  Il fut autrefois à la rue dans les artères de Kinshasa, il est aujourd’hui un artiste accompli révélé notamment par le film « System K » de Renaud Barret sorti en 2020, réalisateur ayant co-signé l’excellent film « Benda Billili ! », ce film ayant donné par la suite une résonnance mondiale à cet orchestre kinois.

Pour présenter Beni, on ne peut s’empêcher de citer en préambule ce que le quotidien français "Libération" écrivait sur cet artiste hors -norme : « Parmi eux se détachent plusieurs personnages ayant fait de leur art, résolument non lucratif, un bastion d'expression vital, en l'absence de tout système de reconnaissance artistique institutionnel : ainsi le vagabond Beni Baras, artiste autodidacte obsédé par le malaxage du plastique fondu, malade d'une identité métisse belgo-congolaise impossible à prouver en l'absence de papiers. Parfois sidérantes, les performances s'assimilent souvent aux torsions de corps offerts en pâture à la dégradation ou à l'immonde - badigeonnés de cire chaude, de boue, arrosés de projections d'hémoglobine épaisse comme du mazout. On pense à ce vers de Sony Labou Tansi, poète des deux Congo, "Je lance mon sang à la rencontre de tous les bégaiements", dont le chant de révolte s'ouvrait sur la célébration des "fils de la colère", prêts à "accrocher un autre soleil au ciel" et à "dévisser l'histoire"».

Invité par Corto Vaclav à participer à La Mamba, concept « Electronic ancestral » ayant eu lieu à La Pyramide en décembre 2022, Beni Baras aura fait sienne la ville océane pour y poser durablement son bagage.  On retrouve aujourd’hui sa trace à Théâtre à la carte, dirigée par Alexandra Guénin qui nous dépeint le personnage : «  C’est un artiste aussi généreux dans son art  que silencieux lorsqu’il travaille. Il émane de lui une réelle humilité à laquelle s’ajoute une forme de pureté,  il respire l’art par tous les pores de sa peau ».

De fait, Béni est tout autant acteur, sculpteur, tatoueur que graffeur et ce ne sont pas les murs de Théätre à la carte qui pourront nous contredire. Dans un esprit street-art, les portraits de Marylin Monroe, Charlie Chaplin, Angelina Jolie, Sony Labou Tansi et autres figures célèbres s’y côtoient au même titre que celui de la maîtresse des lieux, Alexandra Guénin, celui encore de Corto Vaclav, explorateur cinéaste connu notamment pour avoir  partagé avec Hadrien La Vapeur la réalisation du film «  Kongo ».  

Assurément, Théâtre à la carte n’est pas qu’un laboratoire d’idées où s’invitent pêle-mêle comédiens, metteurs en scène, cinéastes, clowns ou marionnettistes. C’est avant tout un carrefour de rencontres où l’art est le seul langage, qu’il nous vienne des planches de la comédie ou des errements des rues de Kinshasa.

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

1- L'artiste Beni Baras 2- Benin et Alexendra Guenin à "Théâtre à la carte"

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