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Journée internationale en mémoire de l'esclavage: lutter contre le racisme par l’éducation et la sensibilisation

Jeudi 23 Mars 2023 - 14:25

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En début d’année, j’ai eu l’opportunité de visiter la localité de Loango, plus précisément le site historique d’où partaient les esclaves d’Afrique centrale pour les Amériques, situé à un jet de pierre du siège de la préfecture du département du Kouilou. Sur la falaise qui surplombe l’océan Atlantique, au cours des échanges avec le conservateur des lieux, une question a surgi : combien connaissent ce pan de l’histoire sur les relations entre l’Afrique et le reste du monde ?

En effet, la traite transatlantique des esclaves a eu une influence considérable sur le cours de l’histoire et, pourtant, on en sait peu sur ce commerce de quatre siècles et ses conséquences désastreuses à long terme dans le monde, mais aussi sur l’importante contribution des esclaves à l’essor économique des sociétés érigées sur les terres de leurs ancêtres et de leur servitude.

A ce sujet, l’Assemblée générale des Nations unies a pris différentes initiatives en commençant par la mise en place du programme d’action éducative destiné à mobiliser notamment les établissements d’enseignement et la société civile vis-à-vis de la question du souvenir de la traite transatlantique des esclaves et de l’esclavage. Ce programme s’efforce de combler le manque de connaissances sur la traite des esclaves et de faire en sorte que cette question soit plus largement étudiée et commentée.

Inspiré du projet de la Route de l’esclave élaboré par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, ce programme vise à éclairer les générations actuelles et futures sur les causes, les conséquences, les enseignements et les séquelles de la traite des esclaves qui s’est perpétuée pendant quatre siècles, et à leur faire connaître les dangers du racisme et des préjugés.

Les connaissances historiques sur la traite font défaut, y compris à certains descendants d’esclaves, ainsi qu’à d’autres personnes. En étudiant de près la vie des Africains asservis sur le continent américain et dans les Caraïbes, on conçoit à quel point l’être humain est capable, même sous l’effet de la déshumanisation, d’influencer la société dans laquelle il vit.

Le programme examine les liens de cause à effet entre le déplacement forcé de peuples africains d’une rive à l’autre de l’Atlantique et l’évolution de l’identité raciale et culturelle, du racisme et des inégalités ainsi que le dépeuplement prononcé de l’Afrique. La traite transatlantique des esclaves a également eu un impact de taille sur l’économie et l’agriculture des États européens et de leurs colonies du Nouveau monde. Le programme tente de faire la lumière sur l’acquiescement obligé qui a permis à la traite transatlantique des esclaves de perdurer pendant quatre siècles et qui est également de mise face aux formes contemporaines d’esclavage, comme le travail forcé, la traite des êtres humains, le travail des enfants et la prostitution enfantine.

Le thème « Combattre l'héritage du racisme de l'esclavage par une éducation transformatrice » sur lequel est placée la Journée internationale en mémoire des victimes de la traite transatlantique et de l’esclavage en 2023 résume bien les préoccupations du programme.

L'héritage raciste de la traite transatlantique des esclaves se répercute aujourd'hui sur des préjugés et des croyances néfastes qui se perpétuent encore et continuent d'avoir un impact sur les personnes d'ascendance africaine à travers le monde. Conscients de cela, les Etats membres des Nations unies ont proclamé 2015-2024 « Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine » pour reconnaître que les personnes d'ascendance africaine représentent un groupe distinct dont les droits de l'homme doivent être promus et protégés. Cette commémoration prend plus de relief d’autant que la Déclaration universelle des droits de l’Homme a atteint 75 ans d’existence en 2023.

Même si la traite transatlantique a pris fin, il existe des formes contemporaines d’esclavage qui violent les droits humains et qui continuent à être reportées à ce jour. Ce phénomène désigne généralement le processus par lequel des personnes sont placées ou maintenues en situation d'exploitation à des fins économiques. Pour lutter contre, les Etats membres des Nations unies ont adopté en 2000 un Protocole additionnel à la Convention des nations unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants

 

 

 

 

                                                                                         

Chris Mburu, coordonnateur résident du système onusien

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Édition Quotidienne (DB)

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