Interview. Ma Fulin : « La démocratie est un processus intégral qui couvre tous les plans et toutes les dimensions »

Jeudi 30 Mars 2023 - 20:12

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Dans une interview exclusive aux « Dépêches de Brazzaville », l’ambassadeur de Chine au Congo expose ses vues sur la mise en œuvre de la démocratie dans son pays. Pour Ma Fulin, en dehors d’être un système de renouvellement des mandats des gouvernants par le vote, la démocratie doit aussi « garantir la participation du peuple au cycle complet de la gouvernance de l’Etat et en assurer la prospérité ».

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Monsieur l’ambassadeur, quelle appréciation votre pays a-t-il de la démocratie comme moyen de gouvernance d'un État ?

Ma Fulin (M.F.) : La démocratie constitue une valeur commune à toute l’humanité et une poursuite sans relâche pour tous les pays du monde. Depuis le XVIIIe Congrès national du Parti communiste chinois, le secrétaire général, Xi Jinping, promeut l’idée de la démocratie du peuple dans tout le processus et l’incarne par un système scientifique et les pratiques.  Celle-ci permet d’associer la démocratie de processus et la démocratie de résultats en passant par celle dite intégrale qui couvre tous les plans et toutes les dimensions.

De manière globale, la démocratie n’est pas une « boîte noire » à manipuler pour les groupes d’intérêts, mais une table de discussion pour le peuple dans son ensemble. Elle n’est pas un jeu d’élection périodique, mais une garantie de participation du peuple au cycle complet de gouvernance d’État.

L.D.B. : Que conseillez-vous aux pays africains globalement confrontés aux choix des modèles de développement ?

M.F. : Chaque pays et chaque peuple ont leur propre compréhension, mais le consensus est clair : la démocratie n’est pas un décor pour faire semblant d’être politiquement correcte. Elle est née pour résoudre les problèmes réels du peuple tels que l’emploi, la santé, l’éducation, l’habitat, la prise en charge des personnes âgées, la sécurité sociale et bien d'autres aspects qui font partie des préoccupations du peuple chinois comme cela est le cas dans d’autres pays.

L.D.B. : Y aurait-il, d’après-vous, un modèle de démocratie dont devrait s’inspirer l’Afrique pour assurer le bien-être de sa population ?

M.F. : En premier lieu, il faut voir si elle défend les intérêts fondamentaux de la plus grande majorité du peuple, si elle favorise la stabilité du pays, apporte le progrès social et améliore les conditions de vie du peuple. Sinon, quelle que soit la délicatesse du système politique et les belles promesses des politiciens, le fait que la démocratie ne serve qu’à une minorité riche et n’aboutisse qu’au dysfonctionnement de la gouvernance de l’État est en soi un problème. La Chine a donné un bon exemple à cet égard.

L.D.B. :  Quels avantages incarnent le modèle chinois en matière de gouvernance ?

M.F. : La démocratie du peuple dans tout le processus permet d’associer le processus de développement intégral qui couvre tous les plans et toutes les dimensions qui intègrent les aspirations du peuple dans la planification des actions d’État. Au cours des cinq dernières années, le gouvernement chinois a accepté plus de 18 000 propositions du peuple, appliqué près de 8 000 nouvelles mesures et a résolu un tas de problèmes étroitement liés aux diverses préoccupations du peuple.

L.D.B. : Pensez-vous que le développement actuel de la Chine est le reflet de son propre modèle de démocratie dite du peuple ?

M.F. : Grâce effectivement à la démocratie du peuple dans tout le processus, la Chine a réalisé deux miracles, à savoir le développement rapide de l’économie et le maintien de la stabilité sociale durant une longue période. Environ 100 millions d’habitants sont sortis de la pauvreté absolue. L’index de satisfaction du peuple envers le gouvernement reste supérieur à 90% depuis plusieurs années. Cela démontre la vitalité et les avantages de ce modèle. Par ce canal, la Chine apporte sa sagesse et sa contribution particulières au progrès de la civilisation politique humaine.

L.D.B. : Quelle différence faites-vous entre votre système démocratique et ceux des autres nations développées ?

M.F. : Il est dommage de constater que l’organisation de la société dans certains pays qui se qualifient « démocratiques » a favorisé un certain nombre de dérives : l’argent domine tous les rapports, problèmes identitaires, déchirement social, écart entre riches et pauvres... Ces problèmes s’aggravent de jour en jour.  La vérité c’est que les chemins vers la démocratie sont variés. La démocratie n’est ni un privilège exclusif de certains pays ni une question aux réponses insolubles. Il n’existe pas de modèle démocratique passe partout. Le « copier-coller » ne marche jamais.

Quant à savoir quel genre de démocratie correspond le mieux à la réalité d’un pays, c’est à son peuple d’y répondre. La Chine, par contre, aimerait approfondir des échanges d’expériences en matière de gouvernance avec le Congo et d’autres pays du monde, à rechercher ensemble la voie de la démocratie qui s’adapte à la réalité de chacun, afin d’enrichir la civilisation politique humaine et de promouvoir la construction d’une communauté d’avenir partagé pour toute l’humanité.

 

Les Dépêches de Brazzaville

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