Minorités : situation critique pour les populations autochtones de Djambala

Lundi 12 Août 2013 - 17:15

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En dépit de l’adoption en 2011 de la loi portant promotion et protection des droits des peuples autochtones au Congo, les pouvoirs publics ont encore des efforts à fournir pour leur intégration réelle dans la société

L’humanité célèbre le 9 août de chaque année la Journée internationale des populations autochtones. L’édition de cette année a été placée sur le thème « Les peuples autochtones et la création des alliances : respecter les traités, accords et autres arrangements constructifs ». Au Congo, la cérémonie officielle a été organisée à Ouesso, chef-lieu du département de la Sangha, au nord du pays.

En mission de travail dans le département des Plateaux, la ministre des Affaires sociales, de l’Action humanitaire et de la Solidarité, Émilienne Raoul, a passé cette journée avec les populations autochtones de Djambala centre, Abba I et II, à environ 40 kilomètres du chef-lieu et à Bènè, dans la banlieue de Gamboma. Des enfants souffrant de malnutrition, des gens vivant dans des taudis comme au Moyen-Âge, tel est le visage des peuples autochtones de Djambala. À Abba I et II, la majorité des autochtones n’ont pas d'acte de naissance alors qu’ils vivent au bord de la voie principale. Un autre problème souligné concerne la non-scolarisation des enfants autochtones. D’après des témoignages, ce sont les parents qui sont à l’origine de cette situation.

Touchée par cette situation, Émilienne Raoul, qui a repéré dans le lot quelques enfants malnutris dont un présente déjà les signes du kwashiorkor, a demandé aux femmes enceintes et aux enfants de zéro à quinze ans d’aller se faire soigner gratuitement à l’hôpital. C’est ainsi qu’elle a instruit les agents des services sociaux de la localité d’étudier le mode d’alimentation de ces populations afin d’améliorer leur situation. « La césarienne aussi est gratuite. Pour les autres maladies, il faudrait que nous voyions comment les populations autochtones peuvent accéder à ces soins alors qu’ils n’en ont pas les moyens. C’est pour cela que le gouvernement est en train de travailler sur un système d’assurance maladie pour que l’accès aux soins soit ouvert à un plus grand nombre de personnes. Mais concernant les peuples autochtones, il faudrait que cela soit traité à part », a souligné la ministre.

Dans le cadre des festivités du cinquante-troisième anniversaire de l’indépendance du Congo, un hôpital mobile est installé par les forces armées congolaises au stade Malet jusqu’au 21 août. Les examens et les soins sont gratuits pour toutes les populations. La ministre a instruit l’administrateur-maire de Djambala, Albert Ngouloubi, de surveiller cette opération afin que ces enfants recouvrent leur santé.

Les peuples autochtones de Bènè intégrés petit à petit dans la société

Si dans le district de Djambala la situation reste critique, à Bènè (Gamboma), par contre, les autorités intègrent les populations autochtones dans la société. Huit d’entre eux travaillent actuellement à la mairie. Émilienne Raoul leur a demandé de garder la culture d’autan même si le centre urbain de Gamboma est en développement. « Nous, les Bantous, nous les rejetons. Ils vivent en dehors de la ville, partout où je suis passée, tous les autochtones vivent à l’entrée ou à la sortie de ville, il n’y a pas de mélange, mais à Bènè il y a déjà un brassage, il faut continuer à se mêler parce que le pays appartient à tout le monde. Il y a une différence par rapport à ce que nous avons vu à Djambala, ce n’est pas la même chose. Vous qui êtes déjà sur le chemin de l’amélioration de vos conditions, allez voir vos amis qui sont un peu plus loin », a exhorté la ministre.

Selon le chef du village de Bènè (567 habitants), Honoré Nguié, malgré les efforts du gouvernement à travers l’adoption de la loi portant promotion et protection des droits des peuples autochtones, les Bantous les considèrent toujours comme inférieurs. « Cela me fait mal, vous avez vu nos amis qui sont à Djambala, j’ai pleuré à cause de leur situation. Nous vous demandons de nous donner des renforts pour que nous sortions nos amis de Djambala de cette situation afin que nous soyons comme des Bantous. À Djambala, ils dorment parfois à même le sol, comme des animaux », s’est-il plaint.

Partout où la ministre des Affaires sociales est passée, elle a remis des vivres et des non-vivres aux populations autochtones, et a encouragé ceux qui construisent des maisons en matériaux durables en leur donnant des tôles et des pointes.

Gloire Ipoh, un jeune autochtone de treize ans élève de troisième

La ministre Émilienne Raoul a fait la connaissance du jeune Gloire Ipoh. Âgé de treize ans aujourd’hui, ce jeune autochtone orphelin de mère et de père passe en classe de troisième. Adopté par un père bantou, il est rapporteur de l’Association action humanitaire des populations autochtones du département des Plateaux. Il a été le porte-parole de ce peuple pendant la visite de la ministre à Djambala, Abba et Bènè. Émilienne Raoul a demandé aux enfants de suivre les pas de ce jeune qui a de l’avenir.

Parfait-Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Les populations autochtones de Djambala. (© DR) Photo 2 : Émilienne Raoul remettant un échantillon de kits à la présidente de l'association des femmes de Bènè. (© DR) Photo 3 : Émilienne Raoul posant avec Gloire Ipoh et son père adoptif. (© Adiac)