Urbanisme : plus de 50% de constructions privées au Congo sont sans autorisation

Samedi 23 Août 2014 - 16:15

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Les règles de l’urbanisme sont applicables tant par les acteurs du secteur public que par ceux du privé. Elles font obligation à quiconque désire entreprendre une construction en matériaux durables d’obtenir une autorisation administrative auprès des services compétents. Malheureusement, cette exigence ne se constate que sur le papier, car sur le terrain, nombreux sont les citoyens qui la foulent aux pieds.

À Brazzaville, comme dans d’autres agglomérations du Congo, plusieurs quartiers naissent vite et se dégradent aussi vite à cause de l’occupation anarchique des espaces. Les propriétaires fonciers et terriens, principaux acteurs dans ces ventes délibérées des terrains, opèrent sans grand respect des normes en la matière.

À quand le rétablissement de l’ordre ?

Le phénomène de l’occupation anarchique des terres est loin d’être éradiqué au Congo, malgré les lois et règlements pris par les pouvoirs publics. Le phénomène prend de l’ampleur alors qu'au Congo, la terre, patrimoine inaliénable et signe de reconnaissance d’une nation, semble de plus en plus mal gérée. La léthargie et le laxisme constatés dans la mise en application d’une véritable politique cadastrale laisse présager l’absence d’un département en charge de ces questions.

Pourtant, le Congo dispose d’un ministère de la Construction, de l’urbanisme et de l’habitat au sein duquel se trouve la  direction générale du développement urbain, de l’habitat et de l’architecture. Une structure presque ignorée par certains citoyens malgré les missions définies par le décret qui l’institue. « Nos compétences s’étendent dans les domaines de l’urbanisme, de l’architecture et du logement, surtout au niveau de la normalisation et de la réglementation. Nous sommes aussi chargés de la police de l’urbanisme dans le contrôle de la construction. Malheureusement cette politique est confrontée à plusieurs difficultés à cause de l’incivisme des populations », a déploré  Jean Jacques Youlou, directeur général du développement urbain, de l’habitat et de l’architecture.

Les zones de mise en défens sous une réelle menace

Malgré les mises en garde répétées du ministère des Affaires foncières et du domaine public, les zones en défens sont au quotidien prises d’assaut par des « délinquants fonciers et domaniaux ». La terre devenue aujourd’hui sujet à controverse nécessite l’éveil d’une  gestion orthodoxe et d’une prise de conscience collective, par les pouvoirs publics et les citoyens. Car, sa mauvaise gestion a pour corollaire le manque de certaines infrastructures telles les routes, les marchés, des structures sanitaires et scolaires, les espaces verts et autres zones d’attraction. À cela s’ajoute le phénomène de ravinement de sol devenu fréquent dans les grandes  villes du Congo.

«Nous découvrons aujourd’hui de plus en plus  des occupations qui se font dans des zones pas constructibles, des lotissements réalisés par des propriétaires fonciers alors qu’ils n’en ont pas la compétence. Nous voyons dans nos villes des maisons à hauteur s‘élever sans avoir recours à nos services. Dans  certains dossiers qui nous parviennent, il n’y a pas des études géotechniques (études de sol)  faites au préalable, pas de calcul béton, même le ferraillage utilisé n’est pas souvent conforme », s’est indigné le directeur général du développement urbain, de l’habitat et de l’architecture, Jean François Youlou. Il a rappelé les règles de l’urbanisme qui disent que « quiconque désire entreprendre une construction en matériaux durables doit au préalable obtenir une autorisation administrative des services compétents ». Des règles qui s’appliquent tant au privé qu’au  public.

Des animateurs des services publics non visibles, faute des moyens

Selon les propos du directeur général du développement urbain, de l’habitat et de l’architecture, plus de 50% de constructions privées qui se réalisent dans les villes congolaises sont sans autorisation. Cela est dû à l’insuffisance des ressources à la direction générale l'empêchant ainsi d’être visible sur le terrain. « Nous avons un réel problème des effectifs, les architectes au niveau des services publics se comptent du bout des doigts. Nous souffrons d’un déficit de cadres tant à la direction centrale que dans les collectivités locales », a-t-il indiqué.

Une lueur d’espoir avec la mise en route de la réforme de l’urbanisme

Le gouvernement de la République envisage la réforme de l’urbanisme après celle du secteur foncier. L’avant-projet du code y relatif a déjà été évalué sans compter la mise en place d’un nouveau schéma directeur d’urbanisme concernant les villes de Brazzaville et Pointe-Noire.

Ce programme se réalisera avec l’assistance d’un consultant italien. Dans le projet du budget 2015, le ministère concerné a inscrit l’élaboration des nouveaux documents d’urbanisme pour plusieurs villes. Un travail qui n’attend que son aboutissement pour être vulgarisé, a expliqué Jean Jacques Youlou qui a reconnu la nécessité de la mise en action du programme de restructuration de certains quartiers précaires du Congo, en cours de mise en œuvre avec l’appui de la Banque mondiale.

Jeanice Hortence N’guellet (Stagiaire)