Centrafrique : Michel Djotodia prête serment devant la Cour constitutionnelle

Lundi 19 Août 2013 - 4:17

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Le chef d'État de la transition centrafricaine, Michel Djotodia, à prêté serment dimanche au Palais de l'Assemblée nationale de Bangui devant la Cour constitutionnelle de transition en présence des présidents congolais, Denis Sassou N'Guesso, et tchadien, Idriss Deby Itno. Parmi les invités de marque comptaient les représentants du Cameroun, du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Soudan, en plus des délégués de la Cééac, de la Cémac, de l'UE et des Nations unies

 La salle de conférence du Palais de l'Assemblée nationale affichait complet ce 18 août pendant que des groupes de danse massés dehors donnaient à la cérémonie solennelle de prestation de serment de Michel Djotodia An Nondroko son cachet festif. Au pouvoir depuis le 24 mars, lorsque ses troupes contraignaient son prédécesseur, François Bozizé, à l'exil, l'ex-dirigeant de la rébellion de la Seleka avait ensuite été élu à la tête de l'État de Centrafrique par le Conseil national de transition le 13 avril.

Lecture du procès verbal de cette séance à été faite avant que Michel Djotodia ne soit invité par président de la Cour constitutionnelle, Zacharie Ndouba, à prêter serment. Costume sombre, une écharpe aux couleurs de son pays, le chef d'État de la transition a ainsi juré « devant Dieu et le peuple centrafricain » de remplir sa mission en privilégiant l'intérêt supérieur de son pays. Il a ensuite revêtu la médaille de Grand-Croix puis reçu en sus de ces attributs du pouvoir institutionnel des instruments de la tradition : un sabre et un bouclier remis par un sage pour « la protection de l'État et du peuple », un canari fourré de légumes, remis par une femme, symbole des richesses dont regorge le pays. Prenant la parole pour la circonstance, le président de la Cour constitutionnelle a invité le chef d'État de la transition à se mettre au service de tous les Centrafricains : « À partir d'aujourd'hui, vous n'êtes plus le chef d'une seule entité, mais le président de toutes les filles et les fils de la Centrafrique », ajoutant que le pays avait soif de sortir du cycle des violences qui l'endeuille depuis des décennies.

Dans son discours d'investiture, Michel Djotodia a remercié les pays de la sous-région d'Afrique centrale et salué la présence des chefs d'État, considérant que c'était un témoignage du soutien que leur pays respectif apporte à la Centrafrique. Rappelant brièvement son parcours d'enfant issu d'une famille multiconfessionnelle, il a indiqué que son arrivée aux affaires, le 24 mars, n'était pas dicté par une quelconque soif de pouvoir, mais par l'impératif de mettre un terme à un cycle d'incompréhensions et d'entêtement. Il s'est en revanche félicité d'avoir, depuis lors, respecté la feuille de route de la transition. Celle-ci demandait la constitution d'un gouvernement d'union nationale, la mise en place d'un Conseil national de transition et d'une Cour constitutionnelle de transition. Ce qui est fait, a-t-il déclaré, promettant l'installation prochaine du Conseil supérieur de la liberté de communication de la transition. Au nombre de ses engagements, Michel Djotodia à promis de lutter contre la corruption et l'impunité, de défendre et protéger les droits de l'homme et les libertés, de faire traduire en justice les personnes qui se rendent coupables de crimes de sang. Parlant du processus électoral, il appelé les acteurs politiques centrafricains au dialogue et a sollicité une trêve, afin, a-t-il déclaré, que le pays s'attaque aux défis majeurs que sont l'insécurité et la pauvreté et que la fin de la transition dans 18 mois soit couronnée par l'organisation d'élections libres et transparentes.

Notons que depuis sa prise du pouvoir, Michel Djotodia était, en quelque sorte, mis à l'épreuve de convaincre la sous-région d'Afrique centrale et la communauté internationale, hostiles à son coup d'État, de sa bonne foi. Le respect des Accords de Libreville, considérés comme le socle de la transition avec la désignation de Nicolas Tiangaye en qualité de Premier ministre, mais aussi l'observation du délai de dix-huit mois prescrit d'autorité par la Cééac pour accomplir cette transition, voilà autant de gages que Michel Djotodia doit donner aux partenaires impliqués dans le délicat processus d'accompagnement de la transition centrafricaine. Mais, il y a peut-être qu'après avoir gagné la reconnaissance de fait au plan extérieur en tant que chef d'État de la transition, Djotodia voulait au plan intérieur être légitimé par ses compatriotes. D'où cette cérémonie en présence de toutes les institutions de la transition, du médiateur Denis Sassou N'Guesso, du président en exercice de la Cééac, Idriss Deby Itno, dont par ailleurs le pays, le Tchad, conserve une influence certaine à Bangui. Cet acte de prestation de serment salué par vingt et un coups de canon marque officiellement le début de la transition.

Gankama N'Siah