Méditerranée : plus de 700 migrants se noient !

Jeudi 18 Septembre 2014 - 11:29

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Au moins trois incidents distincts sont venus rappeler au monde que l’immigration à travers la Méditerranée continue de multiplier les morts.

La presse italienne a beau varier les angles d’attaque depuis la fin de semaine dernière, les images et la réalité ramènent à la même information : le drame sans fin d’une immigration poussée au désespoir et n’ayant plus aucun sens du danger. « Seulement dix rescapés », « Des dizaines de Gazaouis parmi les disparus », « Jusqu’à 500 disparus en Méditerranée » : florilège de quelques-uns des titres qui ont barré les Une des journaux italiens depuis samedi dernier.

En l’espace de trois jours, les plages méditerranéennes n’étaient plus que remplies de cadavres ramassés aussi bien dans la façade européenne que maghrébine. Les causes de ce nombre effroyable de victimes ne varient que par les détails. Ici, c’est une embarcation qui a pris l’eau et contraint ses occupants à tenter de surnager aussi longtemps que pouvait apparaître un navire de secours. Là, c’est une panne d’essence qui a conduit la pinasse de passage des clandestins à errer en pleine mer, sans boussole ni gouvernail.

Dans un autre cas aussi, c’est une véritable révolte à bord de l’embarcation qui a précipité le drame. Des migrants partis de Palestine et traversant la Méditerranée à partir des côtes de l’Égypte, sont entrés en altercation avec le timonier qui voulait les forcer à changer de navire, sans doute pour que la police ne remonte pas les chaînons de la filière. Le refus des passagers a forcé les trafiquants à éperonner leur embarcation pour les punir et à précipiter tout le monde par le fond.

Morts horribles ayant au moins quatre points en commun : les victimes sont parties du Moyen-Orient et d’Afrique Sub-saharienne pour fuir la guerre, la faim, la précarité. Il s’agit de femmes et d’enfants qui ont enduré les pires mésaventures pour parvenir aux bords de la Méditerranée. Tous ont payé des prix élevés, jusqu’à l’équivalent de deux millions de francs CFA le passage qui leur a été fatal. Enfin pour tous, jeunes et moins jeunes, la destination finale était la Sicile, en Italie, et particulièrement sa petite île de Lampedusa comme point d’entrée en Europe, l’eldorado.

Depuis des mois, Rome dit littéralement suffoquer sous le poids de cette pression migratoire intenable. 100.000 migrants sont arrivés en Italie depuis le mois de janvier, selon les humanitaires. Ils sont logés dans toutes les structures possibles à travers les provinces en attendant que leur situation soit examinée au cas par cas. La plupart seront très certainement déboutés de leur demande d’asile politique, mais tous espèrent qu’à défaut de se fixer en Italie, ils pourront poursuivre leur chemin vers des pays plus accueillants.

On sait, à peu près, le nombre des personnes qui débarquent, mais la grande inconnue reste autour des milliers d’autres qui sont engloutis dans la mer. Ou qui meurent d’épuisement dans un coin de désert. « Le nombre de personnes qui meurent au large des côtes européennes est choquant et inacceptable ». Cri d’indignation de William Lacy Swing, directeur de l’Organisation internationale des migrations. Un cri de plus qui s’ajoute aux interpellations des humanistes, de l’Église catholique et des organisations non-gouvernementales. Ainsi qu’à la dénonciation du pape François qui parle d’une « globalisation de l’indifférence ».

Lucien Mpama