De la prière contre les missiles

Vendredi 6 Septembre 2013 - 18:17

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L’idée du pape de jeûner pour la paix a fait bouger des lignes…

À première vue le combat semble, et de loin, très inégal. Contre l’armada de guerre qui déjà s’est mise en action, des mastodontes qui sillonnent déjà les mers et les airs pour aller empêcher la main du président syrien, et lui seul, d’aller farfouiller dans les magasins et y dégoter les gaz sarins, le pape n’a rien trouvé de mieux que le jeûne et la prière. En une journée, chrétiens et personnes de bonne volonté ont été invités à invoquer samedi le don de la paix du dieu de leurs convictions. Dérisoire ? Peut-être.

Dérisoire aussi la lettre que le pape a adressée aux dirigeants des vingt économies les plus puissantes, réunis en sommet de leur G20 en Russie jeudi et vendredi ? C’est possible. Il n’est même pas dit que ce qui s’apparente au combat du pot de terre contre le pot de fer se termine effectivement par la victoire éclatante du camp de la paix. À Washington et à Paris, la tendance semble désormais à décrocher les uniformes de là où on les avait pendus après la dernière campagne de Libye. Mais sait-on jamais !

Ce qu’il y a de remarquable dans les combats de la foi, c’est que l’impossible peut se transformer sans qu’on s’en rende compte. Ou sans qu’on voie forcément une relation de cause à effet entre les génuflexions, prosternations, psalmodies et cierges brûlés dans les temples, cathédrales, mosquées et synagogues et, par exemple, la réticence mondiale. Le camp des va-t-en-guerre, sans être affaibli, enregistre en effet des moments de doute. Et, à l’inverse, le pape a déjà rassemblé autour de son idée de prière et de jeûne pour la paix des communautés de croyants qui renâclent habituellement à la seule idée de se fréquenter. Ce n’est pas un miracle, mais ce n’est pas rien.

Lucien Mpama