Commémoration : le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza célèbre le 133e anniversaire du Traité de Brazzaville

Mardi 10 Septembre 2013 - 18:27

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Les témoignages recueillis des descendants de la royauté des Makoko montrent que l’Histoire écrite, celle qui est apprise à l’école, est largement insuffisante pour qui veut se pénétrer de la profondeur de ces faits

Lors de son deuxième voyage au Congo en 1880, il a négocié, parfois dans des conditions de grande hostilité. C’est le cas des Bafourous, avec qui il a signé un traité de paix (enterrement de la hache de guerre) le 20 septembre en présence de Ngobila, alors chargé des embarcations à la cours royale de Makoko.

Dans sa conquête, si à l’école le commun des mortels avait appris que le sergent Malamine, laptot sénégalais que Savorgnan de Brazza avait recruté à la fin de l’année 1879 lors de son passage à Dakar, a servi d’interprète à la signature du traité de Mbé le 10 septembre 1880, aujourd’hui il est connu que l’explorateur avait plutôt eu recours aux services d’un jeune Batéké, qui, ayant sans doute grandi à Libreville, pouvait s’exprimer dans un français sommaire, mais suffisant pour être utile, et qu’il avait recruté porteur.

À travers les pérégrinations de l’explorateur franco-italien, Marcel Bouessé, le guide du Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, peint un conquérant en pays bantous et pareillement l’histoire d’un pays et celle du combat d’un peuple incarné ici par la figure du Roi Makoko Iloo 1er. D’une écriture pleine, Marcel Bouessé, dans son évocation, revient sur le quotidien des années post coloniales, rendant par la même occasion, un bel hommage aux deux illustres personnalités que sont Pierre Savorgnan de Brazza et Makoko Iloo 1er.

La problématique sur la crise du mariage au Congo

À l’ordre du jour de cette commémoration figurait également, un séminaire sur les ateliers organisés par la direction du Mémorial sur le thème de « La dot ». Les organisateurs ont mis en avant les problématiques rencontrées actuellement par les couples au Congo. Il y a d’abord eu un exposé sur la crise au Congo. Puis, une présentation des résultats d’une enquête réalisée à ce sujet à Brazzaville. Ce qui a justifié la présence, à la tribune de la cérémonie, des universitaires tels que Roland Brice Mayoulou, chercheur faisant partie de l’Association Congo Cultures et Perspectives, et Jean Didier Mbilé, psychologue professeur à l’université Marien-Ngouabi.

Cette rencontre, présidée par la directrice générale du Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, Belinda Ayessa, a été marquée par deux temps forts. Le discours, celui de la directrice générale, qui après avoir souhaité la bienvenue aux participants en ce lieu de mémoire, les a exhortés à plus de réflexion, tout en formulant le vœu que de ces ateliers, sorte un ensemble de conclusions et donc une contribution en mesure de constituer des pistes de réflexion à exploiter.

Selon Jean Didier Mbilé, l'un des exposants qui a eu la charge de présenter les résultats de l’enquête réalisée à Brazzaville aux étudiants participant au débat : « L’analyse de ce travail laisse entrevoir que le mariage est une question sociétale au Congo. » Aussi signale-t-il : « Selon les conclusions de l’enquête sur 622 couples interrogés, 55% des couples à Brazzaville vivent en union libre, 15% mariés effectivement, 13% coutumièrement et 15% mariés à l’état-civil, soit 75% de couples vivent sans mariage. Sur la durée de vie commune des couples, il a été observé qu’ils se marient tardivement. » Pour Jean Didier Mbilé, c’est la dot qui tue le mariage coutumier et au-delà, le mariage à l’état-civil. Et Jean Didier Mbilé de conclure qu’il y a crise du mariage au Congo. En effet, près de 85% des Congolais n’ont pas contracté leur mariage à l’état-civil.

Guillaume Ondzé

Légendes et crédits photo : 

scène démontrant la signature du Traité entre De Brazza et Makoko Iloo 1er