Discours de Joseph Kabila devant le congrès: des réactions en sens divers

Samedi 26 Octobre 2013 - 15:45

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Nonobstant la pertinence des mesures édictées par le chef de l’État dans son dernier discours à la Nation, le grand défi demeure toutefois leur matérialisation, se convainc de nombreux Congolais. 

Le discours prononcé le 23 octobre par le chef de l’État devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès continue d’alimenter la chronique de ces dernières heures sur fond des commentaires en sens divers. D’une manière générale, les Congolais de tout bord ont salué ce discours censé amorcer une nouvelle ère dans la gestion de la res publica avec, à la clé, un changement profond des mentalités. Chacun y a trouvé des ingrédients qui le réconfortent dans ses convictions. L’appel à l’unisson de Joseph Kabila qui a plaidé en faveur de la transformation de chacun des Congolais a été entendu. « Demain sera différent d’aujourd’hui », avait-il martelé. Dans la classe politique et dans l’opinion, on est prêt à y croire. « Parce qu'on avait besoin des coudés dans un redémarrage de la machine étatique, je pense à mon avis que le discours du chef de l'État a eu ce mérite de ressusciter le grand rêve du grand Congo », s’est contenté de glisser le Pr Isidore Ndaywell.

À la suite d’autres penseurs et analystes, il invite ses compatriotes à œuvrer en synergie pour matérialiser toutes les décisions importantes annoncées par le chef de l’État. En fait, c’est à ce niveau que quelques scepticismes se mettent à jour. « Le discours a été très bon certes, mais on ne pourra mieux l’apprécier qu’au résultat », commente, pour sa part, Madeleine Kalala, une ancienne ministre. La matérialisation, ou mieux, l’exécution des recommandations des concertations nationales constitue un défi majeur sur lequel de nombreux Congolais émettent encore des appréhensions d’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’on leur promette monts et merveilles. « Un chapelet de bonnes intentions », arguent certains. Pour d’autres, il faudrait croire au serment fait par le chef de l’État qui s’est approprié lesdites résolutions tout en s’engageant à les matérialiser. Le fait qu’il a décidé de la mise en place d'un comité de suivi desdites recommandations rassure plus d’un.

Les raisons de croire en un avenir meilleur du Congo sont évidentes lorsqu’on s’en tient aux mesures énoncées. De la nomination d'un représentant spécial chargé de promouvoir la lutte contre les violences sexuelles et l'enrôlement des enfants dans les groupes armés et d'un conseiller spécial chargé de la lutte contre la corruption à la formation d'un gouvernement de cohésion nationale, en passant par le suivi des dossiers des compatriotes détenus à la Cour pénale internationale et l'érection des monuments en mémoire des victimes de guerre d'agression (pour ne citer que celles-là), il faut dire que les attentes des concertateurs ont été rencontrées. La représentation à hauteur de 30% pour les femmes sur les listes électorales a été également saluée par l’ensemble des Congolais qui y voient une manière de booster l’intelligentsia féminine en donnant un contenu à la parité qui passe encore pour une simple vue de l’esprit. Mêmement l’intransigeance affichée par Joseph Kabila face aux groupes armés qui pullulent à l’est du pays ainsi que la promotion des personnes vivant avec handicap.   

À la majorité présidentielle, l’on se dit satisfaite du discours du chef de l’État encouragé par ailleurs à poursuivre les réformes engagées pour l'épanouissement et le bien-être des Congolais. Une caste d’opposants estiment qu’on a vendu à la population du vent en lui faisant croire que la cohésion nationale était scellée au sortir des concertations nationales, pendant que d’autres forces politiques significatives du pays sont en dehors du cadre. « Joseph Kabila ne peut jamais prétendre construire une cohésion nationale sans l’implication d’Étienne Tshisekedi et de Vital Kamerhe », fait observer Bitakwira, cadre de l’Union pour la Nation (UNC).

Si à la majorité, on se félicite de la perspective de la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale, dans l’opposition pure et dure incarnée par le tandem UDPS-UNC élargi à d’autres formations politiques regroupées au sein de la « Coalition pour le vrai dialogue », on laisse entendre qu’il s’agit là d’un non-événement. L’on doute, en effet, de la capacité de ce gouvernement à apporter des solutions à la crise multiforme que connaît le pays depuis des décennies. « C’est juste une façon de caser les nouveaux venus particulièrement les pseudo opposants débauchés dans le cadre de la nouvelle majorité présidentielle requalifiée », commente  Bitakwira.    

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila s'exprimant devant les congressistes