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Samedi 9 Novembre 2013 - 8:15

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De son vrai nom Tatiana Mouendengoué, esthéticienne de formation, responsable de l’institut Jardin d’Eden au cœur de la ville, nous livre son opinion à propos du phénomène croissant des esthéticiens ambulants, « bana vernis », qui sillonnent les rues de Brazzaville et d’ailleurs en sifflant ou en percutant des bouteilles de vernis pour attirer le chaland

Les Dépêches de Brazzaville : Depuis combien de temps exercez-vous ce métier ?
Tatiana Mouendengoué : Je suis esthéticienne depuis l’année 2007 où j’ai commencé à exercer ce métier après avoir suivi une formation soutenue à Dakar, au Sénégal.

LDB : Quels sont les conseils que vous pouvez prodiguer aux personnes qui ont  recours aux esthéticiens ambulants appelés communément « bana vernis » ?
TMO :  Je profite de l’occasion pour relever que les Congolais tendent à perdre de plus en plus les bonnes habitudes en matière d’esthétique. Lorsqu’on compare les tarifs dans les instituts de beauté appelés aussi centres de bien-être et les bana vernis, il est vrai que la différence est énorme. Mais les conséquences à long terme pour l’option des bana vernis peuvent être dévastatrices sur notre corps. On peut souligner les maladies liées au fait de ne pas utiliser de matériels non stérilisés, les cas de contraction du VIH-sida par exemple. Des difficultés pousseront d’autres personnes à consulter un podologue et suivre un traitement d’appoint, ce qui aura également un coût.

LDB : Que pensez-vous de la qualité des produits utilisés par les bana vernis ?
TMO : Des inconvénients peuvent surgir après l'utilisation de produits douteux, retravaillés par eux-mêmes (ce n’est pas un secret de polichinelle). Les dissolvants et les vernis proposés abîment les ongles parce qu’ils sont de mauvaise qualité, tout simplement.

LDB : Comment procédez-vous dans votre institut de beauté en matière de soins de pédicure ou de manucure? Quelle est la différence avec les esthéticiens ambulants ?
TMO : Déjà sur les vernis que nous proposons, la qualité n’est pas la même. Il existe en effet un grand écart entre ce que nous pratiquons nous et les bana vernis, indéniablement. Primo, nos appareils sont stérilisés, nous avons le matériel qu’il faut pour le faire, et lorsque celui-ci est défaillant nous avons recours aux produits pour désinfecter. Ces désinfectants sont nombreux et suffisent à remplacer valablement nos appareils en cas de panne d’électricité, par exemple.

LDB : Madame Tatiana Mouendengoué, vous pensez bien que tous les Congolais n’ont pas la possibilité de recourir à des soins de qualité…
TMO : Cela est vrai et je le redis, la différence est énorme entre nos tarifs et ceux des bana vernis qui augmentent peu à peu.  En ayant recours aux bana vernis, on paie certes moins cher mais au final, si des complications surviennent on paiera plus cher que si l’on avait consulté régulièrement un centre approprié. Cela relève des bonnes habitudes que les Congolais doivent prendre. Toutefois, la différence majeure entre les esthéticiens ambulants et nous, c’est bien sûr la qualité des soins que nous proposons. Les clients sont reçus par des professionnels du métier.

LDB : Quelle est la fourchette des prix que vous pratiquez et que les Congolais redoutent tant ? Et, avec quelle fréquence conseilleriez-vous d’appliquer des soins de qualité dans un centre spécialisé comme le vôtre ?
TMO : Une fois par mois est une marge raisonnable qui peut ne pas trop empiéter sur le budget familial. Quant aux prix proposés, la manucure complète est à partir de 5 000 FCFA. La pédicure complète par contre coûte plus cher, à partir de 10 000 FCFA à cause des soins multiples que nous apporterons au cour de la séance.

LDB : Comment se passe une séance de pédicure par exemple ? Quelles sont les différentes étapes ?
TMO : On procède tout d’abord par le démaquillage de l’ongle, puis l’on applique un gel émollient afin de ramollir les cuticules qui après s’enlèvent simplement. Les bana vernis le font également mais un peu brutalement avec un pinceau à deux dents qui gratte carrément la peau et les risques de contusion sont élevés. Par ailleurs, ces esthéticiens ont-ils le temps de stériliser leurs instruments ? Nous, par contre, nous utilisons à ce stade de la séance un bâtonnet adapté pour faciliter l’extraction de ces peaux mortes avec en plus une pince à envi. Puis nous trempons les pieds dans de l’eau où nous utilisons aussi d’autres types de produits comme du sel pour ramollir les peaux mortes, un désinfectant et dans le bac à pédicure on insère également des pastilles. Le bac à pédicure est un appareil qui fonctionne au courant où l’on plonge les pieds pendant au moins trente minutes. La séance de pédicure ne se termine toutefois par là. À l’aide d’une pierre ponce, on ponce les pieds puis on procède au gommage du pied. On procède vers la fin par un massage avant de mettre le vernis qui en plus ne doit pas s’appliquer directement sur les ongles de peur de les abîmer. Une couche d’une autre produit doit-être appliquée avant, les femmes connaissent pour la plupart ces notions toutes simples.

LDB : Une séance de pédicure ou de manucure a-t-elle des atouts pour la santé ?
TMO : Oui exactement, voilà autre facteur qui nous démarque des bana vernis. L’objectif d’un centre de bien-être, comme son nom l’indique, est de procéder à la relaxation du corps et de l’esprit. C’est un moment de détente agréable où à la fin en se référant à la description que je viens de présenter brièvement, le client a la sensation d’avoir perdu quelques kilos superflus.

LDB : Les dames sont souvent demandeuses de pose de faux ongles. Est-ce que cela est sans danger ?
TMO : Les faux ongles, encore appelés capsules, sont très jolis et attirants. Mais le souci est qu’il faut les appliquer (c’est mon conseil) circonstanciellement, une fête d’anniversaire, un mariage ou une autre manifestation. Ces faux ongles doivent être appliqués pour un délai court avec différentes colles adaptées, comme la résine ou autres, qui permettent ensuite au contact d’un dissolvant de bonne qualité d’enlever ces ongles sans difficultés.

LDB : Quelles pratiquent vous révoltent particulièrement chez les bana vernis ? Quels seraient vos conseils à leur endroit ?
TMO : Ce phénomène très rentable pour ces messieurs originaires pour la plupart de RDC, nous comprenons que c’est un moyen tout d’abord d’exercer un métier. Ce qui est regrettable, c’est le fait que tous ces sujets n’ont pas eu la chance, la possibilité d’aller dans une école de formation adéquate et cela sous-entend qu’ils ignorent bon nombre de choses. Mon conseil à leur endroit se résume à faire attention à la santé des nombreux clients qui ont recours à leurs services. Ce que nous observons d’aberrant, c’est que lorsque nous, nous appliquons des produits pour ramollir les cuticules, eux utilisent pour seul produit du détergent appelé communément « pax ». Quant à la plante des pieds, ils l’agressent en grattant à l’aide d’une lame Gilette. C’est anti-esthétique.

LDB : Quel est votre mot de la fin à ce sujet ?
TMO : Je dirai que pour tout métier il y a des règles élémentaires à assimiler, on ne peut laisser ce secteur en expansion des bana vernis sans un recadrage de la part des professionnels que nous sommes et surtout par nos autorités qui doivent veiller à la santé des Congolais.

Propos recueillis pas Luce-Jennyfer Mianzoukouta