FIMA: retour à Agadez 18 ans après

Vendredi 3 Février 2017 - 21:08

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La dixième édition du Festival international de la mode Africaine (FIMA), s’est déroulée dans la ville désertique d’Agadez, dix-huit ans après sa première édition, en 1998.

Le FIMA est un festival qui existe grâce au courage, et à la détermination du créateur et styliste nigérien Alphadi, de son vrai nom Seidnaly Sidhamed, qui malgré des menaces djihadistes, et l’incendie volontaire de sa boutique à Niamey, au Niger, a remis en selle, cette dixième édition. Le designer tient particulièrement à promouvoir la mode africaine dans sa diversité et, dans un esprit de tolérance, dans un pays avec une population musulmane à 98%.

Agadez, ville du sahara, symbole des rebellions Touaregs qui, au cours des dernières années, est devenu une plaque tournante du trafic en tous genres en provenance de la Lybie. Un pays en état de guerre civile, et qui est devenu un point de départ vers l’Europe, pour les migrants clandestins subsahariens.

Aujourd’hui, Agadez cherche à reconquérir son image de centre touristique dans le cœur du Sahara.

Prévue en 2015, mais reportée pour des raisons sécuritaires, cette dixième édition du festival s’est déroulée dans une version plus compacte, en deux soirées, avec une grande présence des forces de l'ordre. L’engagement et le savoir-faire des organisateurs a permis au festival de ne rien perdre de son charme, ni de sa vision globale de la mode sur le continent africain.

Hamza Geulmouss

La plus grande découverte du concours Jeunes créateurs, a été la collection très « Apocalyptique » de Hamza Guelmouss, qui a remporté le premier prix.

Déjà récipiendaire du premier prix de la renommée Casa Moda Academy, il effectue son stage de la haute couture chez Julien Fornier à Paris.  En 2015, le jeune créateur raflait le Rising Sar Award à Johannesbourg, en Afrique du sud. Depuis, Hamza est installé dans son studio à Casablanca au Maroc où il travaille seule, avec une machine à coudre. Dans l’attente d’ouverture d’un atelier plus conforme à ses ambitions, il fait du Fashion styling pour de nombreux magazines marocains.

La vision de l’avenir l’inquiète. Son film culte « The Road » est marqué par cette vision noire et désespérante de l’avenir. Après un désastre nucléaire sans aucun espoir de survie avec des humains devenus cannibales. Ce film a inspiré une collection en noire, très science-fiction, avec une touche rouge qui rend hommage à la photographe marocaine Leila Alaoui, décédé dans l’attentat de l’hôtel Splendide à Ouagadougou, en début d’année.

Impressionnantes tenues uni-sex, avec pour marque de fabrique les cordes rouges cousues sur tissu noir avec un motif qui reproduit, d’après le créateur « l’empreinte digitale de la dernière habitante de la planète ». 

Théa

La plus grande surprise de la soirée des grands créateurs, est incontestablement cette robe en légumes, symbole de la richesse agricole de la Guinée Conakry d’où le créateur Théa est originaire.

Alphadi

Nommé Artiste de l’Unesco pour la paix, en janvier 2016, celui qu’on surnomme Le magicien du désert, a présenté trois collections. Sa première collection pour l’édition du FIMA1998 d’une valeur d’objet muséal et deux collections en bazin « le grand vanceur », une marque du bazin malien

Lamine Diassé

Figure atypique du paysage flamboyant de la mode Africaine, le sénégalais Lamine Diassé, est l’un des rares couturiers à faire des costumes sur-mesure sur le continent.

Après avoir expérimenté de nombreux styles, il a choisi de se focaliser sur le costume masculin, un symbole de pouvoir, stabilité et de continuité. Aujourd’hui, Lamine exerce son challenge dans le cadre très restreint des règles prescrites pour un costume classique.

Malgré le fait que toutes les composantes de ses créations (tissus, boutons, fil…) soient importées, son costume reste africain avec sa porte, sa touche personnelle et reconnaissable au loin. Aujourd’hui, son art est reconnu à travers le monde. Ses collections sont invitées par la majorité des Fashion Weeks en occident, et la clientèle africaine est séduite par sa coupe classique et élégante mettant discrètement en valeur la culture africaine.

Nipa Skin

La flamboyante collection du créateur ghanéen de Kumassi, Nipo Skin, intitulée Flamingos (les flamants) a enchanté le public. La collection s’inspire du souvenir d’une ville pleine de jardins, qui ont presque disparu aujourd’hui. Des univers singuliers tout en rose, mélangés de bazin, dentelles et pagnes imprimés aux motifs des fleurs de la marque “DaViva” sortis d’une usine de Kumassi.

 

Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

Les collections présentées lors de l'édition 2016 du FIMA

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