Braconnage : l’insécurité en Afrique centrale représente une menace pour le patrimoine faunique du Tchad

Jeudi 27 Février 2014 - 12:48

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Avec l’appui de ses partenaires, le gouvernement tchadien déploie des mesures d’urgence et des actions pour conserver et protéger son patrimoine faunique mis à mal par des braconniers

Bien équipés et armés, véritables prédateurs de l’environnement, venant parfois de l’étranger, les braconniers ont mis en place des stratégies efficaces. Par petits groupes, ils utilisent parfois des feux de brousse et même l’empoisonnement des animaux et des points d’eau. Entre 2006-2008, période où le Tchad a connu une instabilité, le braconnage battait son plein, particulièrement à l’est du pays. Aujourd’hui, plusieurs espèces animales, comme le rhinocéros ou l’oryx, ont disparu ou sont en cours de disparition au Tchad.

Dans les années soixante, la population d’éléphants y était estimée à 50 000 individus. De nos jours, on en dénombre 1 500, y compris ceux des parcs. Si la tendance actuelle se maintient, l’éléphant d’Afrique sera exterminé d’ici à la décennie prochaine. « L’emblématique pachyderme disparaîtra d’ici à l’an 2020, après l’oryx et le rhinocéros, du fait du braconnage », a prévenu le président Idriss Dey Itno. Ce phénomène est en train de saper les bases de l’économie tchadienne, qui sont l’agriculture et l’élevage, et expose ses populations, en particulier rurales, à l’insécurité alimentaire et à l’aggravation de la pauvreté.

Selon l’ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne (UE) au Tchad, Hélène Cavé, le braconnage et le commerce illicite de ses produits détruisent non seulement la biodiversité et privent les populations de leurs moyens d’existence, mais minent aussi l’État, encouragent la corruption et alimentent, dans des centaines de cas, le financement des groupes armés engagés dans des conflits internes et transfrontaliers. Selon elle, « ils représentent donc une menace à la paix et à la sécurité de la région. »

Le programme 2011-2016 en cours vise à consolider les acquis et à asseoir la viabilité du parc de Zakouma en termes financiers et socioéconomiques. Plusieurs actions ont été engagées ces dernières années par le Tchad pour lutter contre le massacre des éléphants, comme la constitution d’une unité multi-force, équipée de moyens conséquents et spécialement dédiée à la lutte anti-braconnage, aujourd’hui en cours de professionnalisation.

« Notre objectif est de mettre définitivement fin au phénomène de braconnage, notamment celui des éléphants, sur l’ensemble du territoire national et le long des zones frontalières », a déclaré le ministre tchadien de l’Environnement et des Ressources halieutiques, Issa Halikimi.

En novembre 2013, le Tchad a signé avec deux pays voisins, le Cameroun et la Centrafrique, un protocole d’accord tripartite de lutte anti-braconnage. Mais la situation sécuritaire et politique en Centrafrique risque d’aggraver le phénomène de braconnage du fait de la dispersion dans la nature d’éléments armés incontrôlés. Avec l’ensemble des pays d’Afrique centrale et dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, le Tchad s’est engagé dans un plan d’extrême urgence de lutte contre le braconnage signé en mars 2013 à Yaoundé (Cameroun).

En marge des festivités marquant le cinquantenaire du parc de Zakouma, qui ont eu lieu le 21 février, le président Idriss Deby Itno a dénoncé « les paysans qui sont enclins à coopérer avec les braconniers et autres prédateurs », précisant que le Tchad tenait à maintenir et à conserver le parc national de Zakouma, « objet de fierté nationale, en instance d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco ».

Noël Ndong