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La Journée de la femme

Vendredi 7 Mars 2014 - 0:30

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Le 8 mars, Journée de la femme. À quoi sert-elle ? Est-ce uniquement un effet de mode qui dure depuis la Conférence internationale socialiste en 1910, où fut instituée une Journée internationale des femmes ? Chacun, sans doute, a son opinion. Au moment où la vogue est désormais au genre, ce papier veut rendre hommage aux dames qui ont contribué à imposer la femme dans l’univers politique machiste congolais.

La lutte de libération au Congo s’est faite sous la conduite des partis politiques et des syndicats. Le tout sous le signe de la contestation de l’ordre politique avant l’indépendance. Les partis sont dominés par les hommes : PPC (Parti progressiste congolais) de Félix Tchicaya, MSA (Mouvement socialiste de Jacques Opangault, Uddia (Union de défense des intérêts africaine) de l’abbé Fulbert Youlou. Il en est de même pour les syndicats. En 1946, le PPC crée l’Union des femmes africaines, dirigée par les épouses Félix Tchicaya à Pointe-Noire et Éticault à Brazzaville. Cette organisation ne connaît aucune vie réelle. Plus tard, l’Uddia et le MSA créent leurs organisations de femmes. Le noyau de ces associations féminines est constitué d’épouses et parentes de militants et leaders, comme aujourd’hui. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

L’Uddia de l’abbé Fulbert Youlou fonde « les femmes caïmans ». Le caïman est le symbole électoral de ce parti. Ces femmes sont très actives et contribuent aux succès électoraux de leur leader. Un congrès, tenu en janvier 1960 à Brazzaville, réunit deux cent cinquante déléguées sous la direction de Madietta Pauline. Par contre, le mouvement féminin du MSA est quasi inexistant. Quelques militantes, parmi lesquelles Lobagne Marie, assistent néanmoins aux activités du parti.

L’UJC (Union de la jeunesse congolaise), dont les statuts sont déposés en 1956, est dirigée par Aimé Matsika, syndicaliste CGAT (Confédération générale des travailleurs). C’est l’organisation de jeunesse la plus tranchante. Elle est classée dans la catégorie d’extrême gauche. Donc progressiste. L’UJC possède un mouvement féminin, l’Ufac (Union des femmes africaines du Congo). Ses dirigeantes connues sont Bouesso Véronique et Badiangana Alice. Le programme de l’Ufac affirme que son but « est de rassembler les femmes congolaises de toutes les régions du pays afin de leur faire prendre conscience des problèmes qui se posent au pays et à œuvrer pour un Congo libre, prospère et meilleur ».

Ces quelques rares noms constituent les premières références féminines en politique au Congo, avant Aimée Mambou-Gnali et Micheline Ékondi-Akala, premières femmes députées du Congo, dans l’Assemblée nationale issue du scrutin du 8 décembre 1963. Ce qui était une incontestable avancée dans la prise des responsabilités dans l’espace public. Elles ouvraient une perspective intéressante pour toutes les femmes.

La création en 1965 de l’URFC (Union révolutionnaire des femmes du Congo), animée à sa création par Céline Yandza, renforce l’implication des femmes dans la gestion du pays. Pour montrer qu’elles avaient sur tous les plans les mêmes aptitudes que les hommes, voire plus, les sœurs Golengo sautent en parachute. Une première. Un quart de siècle après l’indépendance, le 9 janvier 1975, une femme, Émilie Manima, entre au gouvernement.

Avant toutes ces femmes pionnières de la vie politique, l’histoire du Congo fait la part belle à Kimpa Vita et, surtout, à la reine Ngalifourou, décédée le 8 juin 1956 et inhumée en grande pompe le 3 mars 1957.

Genre. C’est bien. Mais les hommes doivent ouvrir les écluses qui contrarient encore l’épanouissement des femmes dans tous les domaines de la vie. Il faut, hélas, le reconnaître, les femmes nous sont supérieures parce qu’elles peuvent donner la vie, nous pas, disait Sacha Guitry. Est-ce cette supériorité qui a généré le machisme ? Dans tous les cas, l’égalité n’est pas dans la nature. Il faut sans cesse lutter pour se faire une place au soleil. Bonne fête, les femmes !

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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