Gourmandise poétique: Maxime N’Debeka à cœur ouvert

Lundi 6 Mai 2019 - 14:30

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L’écrivain, poète, romancier et dramaturge congolais a été honoré, le 3 mai, au rendez-vous qui se tient toutes les troisièmes semaines de chaque mois, à la librairie Les Manguiers de Dépêches de Brazzaville.

 La rencontre poétique exceptionnelle  et très émouvante a été marquée par les témoignages pathétiques et révélateurs livrés par le poète lui-même, au cours de laquelle sa bibliographie a été présentée.  L’auditoire a suivi avec attention la lecture de certains textes de l'écrivain parmi lesquels son célèbre poème intitulé "980 000", tiré de son recueil de poèmes "L'oseille, les citrons". Celui-ci a constitué de prime abord l’introduction de cette belle aventure poétique.

Dans la postface de son ouvrage intitulé "La révolution ou la vie, l’itinéraire d’un poète", lue par Sauve Gérard Ngoma Malanda, Maxime N'Debeka raconte son engagement, son itinéraire, ses convictions mais surtout le motif qui lui a donné toute la détermination et l’espérance de  tenir jusqu’aujourd’hui.

 « (...).  En tant que poète, je me suis engagé très tôt, mais engagé d’abord avec moi-même, c’est-à-dire sincèrement. La poésie telle que je l’ai apprise est l’effort déployé par un homme insatisfait pour se satisfaire au moyen des mots parfois celui du penseur insatisfait pour se satisfaire au moyen de ces émotions. Mais l’imagination peut-elle vraiment se détacher de la réalité ?  La démarche d’un artiste ou d’un écrivain est inévitablement liée à ses origines et à son environnement politique, social et culturel. Je vivais dans un monde d’inégalité sociale, d’aliénation culturelle. Je n’ai pas pu me faire sans chercher à le modifier, c’est donc naturellement que je me suis retrouvé au cœur de la revendication révolutionnaire mais chemin faisant, je me suis aperçu qu'aucun projet politique entrepris ne m’a rendu entièrement heureux. Sans doute je suis demeuré forcement poète », a-t-il expliqué.

Dans son intervention, le poète maxime N’Debeka a retracé son parcours, le rapport entre la poésie et le militantisme. Il a été découvert en 1966 par Claude Ernest Ndala, alias Graille, qui dirigeait à cette époque la commission culturelle de la jeunesse du Mouvement national de la révolution, grâce à un article qu’il publia dans un journal de la place. À cette époque, a-t-il dit, la jeunesse avait une créativité extraordinaire, une effervescence culturelle surprenante.  Ce mouvement l'a propulsé, se retrouvant militant et responsable. En ce temps-là, a révélé le poète, le ministère de la Culture n’existait pas; tout se faisait au niveau de la jeunesse. C’est à partir de 1968, après les événements du 31 juillet, qu'on lui demanda de ramener tout ce qui se faisait au niveau de la jeunesse à l’Etat.

La création du ministère de la Culture

Il reçoit alors la mission de bâtir le département culturel au niveau de l’Etat, ayant été nommé directeur de la Culture et des arts avec un budget de cent quarante-cinq mille francs CFA pour démarrer les activités de son département. Peu après, il créé un service d’animation culturelle. Le franc succès récolté, a-t-il témoigné, avait permis au président Marien Ngouabi d'ordonner au ministre des Finances d’ouvrir une ligne budgétaire au profit de la promotion culturelle. Le budget qui était à cent quarante-cinq mille francs CFA passa à huit millions.  Des années après, le poète était condamné à mort.

En 1996, le ministre d’Etat, Martin Mberi, lui proposa de sauver le Festival panafricain de musique où tout allait mal.  La même année, Maxime N’Debeka était nommé ministre de la Culture.

Le poète a également rendu à cette ocassion un grand hommage au Balai national, un groupe dont il est l’initiateur et aux autres groupes de danse congolais. « J’ai une tendresse infinie pour eux, je les encourage. Ce n’est pas les politiques ni les militants qui m’ont rendu heureux mais ce sont ces artistes. La reconnaissance, je l’ai beaucoup eue du côté des artistes, des écrivains. Cette rencontre poétique me donne envie de revenir au pays, d’être avec vous et continuer d’écrire », a-t-il laissé entendre.

Ancien ministre de la Culture et des arts du Congo, premier organisateur des arts en 1967,  lauréat du Prix Mokanda 2016 reçu en mars dernier à Paris, Maxime N'Debeka, un des grands poètes et dramaturges du Congo, est considéré comme un écrivain engagé. À son actif, il a plusieurs œuvres littéraires.

Rappelons que la prochaine séance recevra le colonel Serge Ghoma Boubenga, le 31 mai, à la librairie Les Manguiers des Dépêches de Brazzaville.

Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Le poète Maxime N’Debeka relatant son parcours

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