Les Dépêches de Brazzaville



COP 27: un accord in extremis et un bilan contrasté


"Ça n'a pas été facile" mais "nous avons finalement rempli notre mission", a relevé le président de la COP 27, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri.

Bien que critiquée par certaines parties comme n'étant pas assez ambitieuse, la résolution finale de cette COP27 aura cependant été adoptée par consensus après une dernière journée marathon de négociations serrées.

Deux textes principaux ont été adoptés à Charm el-Cheikh, en Egypte : une déclaration finale appelant à une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre en réaffirmant l'objectif de contenir le réchauffement à 1,5°C, et une résolution sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique subis par les pays vulnérables.

Très disputée, de nombreux pays dénonçant un recul sur les ambitions définies lors de précédentes conférences et sans ambition nouvelle par rapport à la COP de Glasgow en 2021, la déclaration rappelle le besoin urgent de réductions des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Elle réaffirme l'objectif de l'Accord de Paris de contenir l'augmentation de la température moyenne nettement en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l'augmentation de la température à 1,5°C. Enfin, elle appelle à accélérer les efforts vers la réduction progressive de l'utilisation du charbon sans capture (de CO2) et la suppression des subventions inefficaces aux combustibles fossiles. Et bien sûr à accélérer les transitions propres vers les énergies renouvelables.

De nombreux pays auraient souhaité une mention de la réduction de l'utilisation du pétrole et du gaz, et pas uniquement des subventions. Quant au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, il a regretté le manque d'ambition de la COP27 pour "drastiquement réduire les émissions".

On le sait, les engagements actuels des pays signataires ne permettront pas de tenir l’objectif de l’accord de Paris : contenir l'élévation de la température à 1,5°C, ni même à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, quand les humains ont commencé à utiliser en masse les énergies fossiles responsables du réchauffement climatique. Ces engagements, s'ils sont intégralement tenus, mettront au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C en 2100 et, au rythme actuel des émissions, sur celle d'un catastrophique +2,8°C. Or, à près de +1,2°C actuellement, les impacts dramatiques se multiplient déjà.

2022, année record en impacts catastrophiques

L'année 2022 a tristement illustré l'accélération des impacts catastrophiques du réchauffement de la planète : sécheresses et insécurité alimentaire au Sahel et dans la corne de l'Afrique, inondations dévastatrices au Pakistan et au Nigeria. Des pays qui contribuent peu aux causes du changement climatique et qui réclamaient un mécanisme financier spécifique, pérenne et prévisible, pour les pertes et dommages qu’ils subissent, et qui se chiffrent déjà en dizaines de milliards. Mais, craignant notamment d'admettre une quelconque responsabilité juridique, les pays riches, gros émetteurs historiques de gaz à effet de serre, s'y refusaient depuis des années. Ce qui passait d'autant plus mal qu'ils n'ont pas tenu leur engagement pris en 2009 de porter à 100 milliards de dollars par an leurs autres financements climat aux pays en développement. Après des années de refus, ils ont finalement accepté que le sujet figure officiellement à l'ordre du jour de la COP de Charm el-Cheikh.

Un fonds de compensation réclamé depuis des années

Si le sujet n'était pas initialement à l'ordre du jour de la conférence sur le climat, les pays en développement repartent finalement de Charm el-Cheikh avec un accord pour un fonds destiné à compenser les dégâts climatiques qu'ils subissent déjà. Ce fonds d'intervention en cas de pertes et dommages vise à aider les Etats touchés à faire face aux pertes et préjudices, notamment en fournissant et en aidant à mobiliser des ressources nouvelles et supplémentaires. Un comité de transition, chargé des règles de fonctionnement de ces dispositions nouvelles, devra faire des recommandations pour étude et adoption à la COP28 fin 2023. Il faudra en déterminer quels seront les contributeurs.


Julia Ndeko avec AFP

Légendes et crédits photo : 

Le discours de clôture du ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Shukri, à l'issue de cette Cop 27 (Joseph Eid / AFP)