Les Dépêches de Brazzaville



Prix des cinq continents de la Francophonie: Karim Kattan lauréat 2021


Sur invitation de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie, pour cette 20e édition, la cérémonie de remise du prix s’est déroulée finalement au siège parisien de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), salle Senghor, dans la matinée du 31 mars en présentiel et sur les réseaux sociaux,  alors qu’elle était initialement prévue le 20 mars à Dubaï, aux Émirats arabes unis, en marge de la Journée internationale de la Francophonie.

En présence de la secrétaire générale de l'OIF, la cérémonie, digne des festivités d’un vingtième anniversaire, a connu des instants d’évocation, entre bilan et perspectives. Un vibrant hommage a été rendu par la poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata à l’académicien René de Obadia, 1918-2022, ancien membre du jury du Prix des cinq continents, décédé cette année.

Et, juste avant la remise du Prix, Jean-Marie Le Clézio, Prix Nobel de littérature dont les prises de parole sont souvent rares, a tenu rendre hommage à Karim Kattan pour son premier roman. Il a également souligné la singularité du Prix des Cinq Continents, saluant au passage l'implication active de Myriam Senghor-Ba.

Paru en janvier chez l'éditeur tunisien Elyzad, "Le palais des deux collines" raconte le parcours de Faysal, un trentenaire qui retourne à Jabalayn, son village natal, en Palestine. Ce villageois, issu d'une famille bourgeoise décimée, vit dans le palais des deux collines où ressurgissent le fantôme de sa grand-mère, les secrets de ses proches ainsi que son propre passé. Alors que le pays est envahi par les colons israéliens, Faysal reste enfermé chez lui, perdant peu à peu le sens de la réalité.

Le jury international, présidé par Paula Jacques, a été séduit par "la langue poétique et un art du récit mêlant dérision, humour et colère contenue, d’une grande originalité." En parallèle, il a décerné une mention spéciale à Miguel Bonnefoy pour son roman "Héritage", publié en août 2020 aux éditions Rivages. La saga familiale, également honorée du prix des libraires 2021, met en scène plusieurs générations de Lonsonier installées au Chili au cours du XXe siècle.

"C'est un récit qui ne fait jamais concession des horreurs de la période qu’il décrit, mais réussit à transcender l’absurdité de la violence à travers le parcours de ses personnages. Magnifique écriture mêlant à la fois le réel et le fantastique", estime le jury.

Créé en 2001 sous l'égide de l'OIF, le prix est doté d’un montant de 15 000 euros pour le lauréat et de 5 000 euros pour la mention spéciale. La récompense met en lumière "des talents littéraires reflétant l'expression de la diversité culturelle et éditoriale en langue française sur les cinq continents."

Lors de la cérémonie de la vingtième édition, les lauréats ont salué le travail effectué par les comités de lecture. Ce sont ses membres, au sein de l’espace francophone, qui apportent leur appréciation et présélectionnent les œuvres parmi les ouvrages concourant au Prix des cinq continents, qui sont ensuite soumis au jury.

Pour le Congo, l’Association culture elongo (Culture pour tous) effectue ce travail en amont. Elle est présidée par Blaise Bilombo et composée de Bénédicte de Capèle, Omer Massoumou et Emilie Eyala. Son action est soutenue par Les Dépêches de Brazzaville, premier quotidien du Congo et ardent défenseur de la littérature francophone.


Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Myriam Senghor-Ba, Spécialiste de programme à l’OIF, en charge du Prix des cinq continents, encadrée par l'écrivain Karim Kattan, lauréat et Miguel Bonnefoy, mention spéciale / Crédit photo Marie Alfred Ngoma / Crédit photo Marie Alfred Ngoma