Voir ou revoir : « Ordalies »
Le film, d’une grande sobriété formelle, laisse parler les protagonistes sans voix off ni commentaire. Caméra à l’épaule, les cinéastes s’effacent, donnant toute la place aux mots, aux silences, aux regards, et à la mise en scène du rituel judiciaire. Les récits s’enchaînent : un frère accusé d’avoir ensorcelé sa sœur, une sirène qu’on dit disparue, une vengeance lancée par-delà le monde visible. Peu à peu, c’est une autre rationalité qui s’impose au spectateur, une vision du monde où le réel ne peut être compris sans l’invisible. Au-delà de l’étrangeté apparente de ces affaires, Ordalies questionne notre propre conception de la justice et de la vérité. Peut-on rire ou juger ce que l’on ne comprend pas ? Les réalisateurs ne tranchent pas. Ils observent, recueillent, montrent, sans exotisme ni moquerie. C’est là la force de ce film : faire sentir au spectateur la cohérence interne d’un système qu’il ne partage peut-être pas, mais qui gouverne bel et bien les vies de ceux qu’il filme. Œuvre captivante, troublante et nécessaire, Ordalies nous invite à voir autrement et à revoir peut-être nos propres certitudes sur ce qui est juste, vrai… ou simplement réel. Sorti en 2021, le film a été projeté le 30 mai dernier dans le cadre des programmations itinérantes du Wisu festival à Kinkala, chef-lieu du département du Pool. Merveille Jessica Atipo Légendes et crédits photo :L’affiche du film/DR |