Attention, la troisième!

Ce 2 mai, la guerre en Ukraine est entrée dans son troisième mois. Déclenchée le 24 février par Moscou dans le but, déclarait le président russe Vladimir Poutine, de « démilitariser » et « dénazifier » un voisin ukrainien accusé d’être le poste avancé des visées « hégémoniques » de l’Otan, elle oppose désormais bien plus que les deux belligérants. Elle s’internationalise sous nos yeux et pourrait glisser vers un conflit mondial de grande ampleur.

D’un côté nous voyons une Russie déterminée à poursuivre son « opération militaire spéciale », de l’autre une Ukraine décidée à ne pas déclarer forfait. Avec les livraisons d’armes organisées par l’occident, la confrontation approche des frontières « otaniennes » surarmées des bords de la Russie. Le moindre incident terrestre, aérien ou naval fera entrer les deux camps dans la troisième guerre mondiale.

Si elle est cruciale, cette semaine l’est pour la communauté des nations car elle peut être le point de départ du saut dans l’inconnu redouté peu avant l’éclatement du conflit russo-ukrainien. Sur le plan économique, les désordres observés dans de nombreux secteurs montrent que le mal causé par cette guerre s’installera dans la durée. A l’échelle des pôles stratégiques autour desquels s’affairent les grandes puissances, les ressentiments cultivés depuis longtemps vont s’amplifier.

Prisonnière des puissances qui l’ont conçue et enfantée au sortir de la guerre de 39-45, faisant d’elle une instance assise sur une politique de vétos des cinq « grands », l’Organisation des Nations unies (ONU) ne peut imposer ses vues sur le cours de ces événements. A titre de rappel, le 2 mars, le vote de la résolution condamnant la Russie pour son action en Ukraine alertait que l’ONU ne pouvait remplir son mandat de la paix dès lors que la diplomatie n’avait pu empêcher la guerre.

Le plus troublant dans tout ceci est qu’une troisième guerre mondiale frapperait indistinctement les nations qui n’ont jamais, au grand jamais, développé un seul arsenal ; nations essentiellement situées dans l’hémisphère sud de notre planète vouée, si l’on n’y prend garde, à une dommageable déstabilisation.