Duel

Le monde entier, sur les cinq continents que compte la planète, avait les yeux rivés dans la nuit de lundi à mardi sur les chaînes de télévision américaines qui diffusaient en direct le débat musclé opposant Hillary Clinton à Donald Trump. Et tout le monde s'attendait à ce que le candidat républicain à la Maison Blanche s'oppose avec sa rudesse habituelle à la candidate du parti démocrate. Or, au final, rien de tel ne s'est produit même si, parfois, les propos du milliardaire ont frôlé l'indécence, faisant craindre une dérive brutale de la confrontation des idées.

Vus de l'Afrique, le continent où nous vivons, les Etats-Unis sont apparus, à la faveur de ce débat, nettement plus raisonnables, nettement- moins violents et fermés sur eux-mêmes qu'on ne le craignait. Ils ont projeté de la nation américaine une image plus réaliste par rapport aux dures réalités du monde présent que ce que l'on redoutait. Et, du coup, le duel pour l'élection du successeur de Barack Obama, a pris une nouvelle dimension qui, espérons-le, se maintiendra jusqu'au terme de la campagne électorale en cours.

Ce qui ressort, malgré tout, de l'affrontement politique auquel nous avons assisté c'est que l'Amérique n'a pas encore pris véritablement la mesure du changement des rapports de force qui se dessine à l'échelle du monde. Ni Hillary Clinton, ni Donald Trump n'ont en effet osé dire aux centaines de millions d'électeurs qui les écoutaient, ni au milliard d'êtres humains qui les regardaient que la Terre vit une mutation profonde, que la détention de la puissance nucléaire n'est plus un atout majeur pour ceux qui s'en sont dotés, que le temps des interventions anarchiques au nom de principes faussement moraux est révolu, que l'émergence de l'Afrique, de l'Amérique latine et de l'Asie impose un changement radical de la gouvernance mondiale, bref que les Etats-Unis ne dominent plus la planète.

Certes, le débat politique concerné n'avait pas pour objectif de traiter, ni même d'aborder ces questions vitales à tous égards. Mais l'abolition du temps et de l'espace qui marque notre époque a, dès à présent, des conséquences telles sur la gestion de la planète où nous vivons que ces mêmes questions sont désormais incontournables. Voyons donc si Hillary Clinton et Donald Trump en prendront conscience avant le jour fatidique de l'élection présidentielle.