Durcissement

À quel jeu jouent les rebelles de l'Est de la République démocratique du Congo ? Après avoir conquis la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu dont une majeure partie est désormais sous leur contrôle, ils ne semblent pas prêts à en rester là. À travers la nomination, le 5 février, d'un nouveau gouverneur de la province et de ses deux adjoints, le M23 et sa branche politique, l'Alliance fleuve Congo, s'inscrivent dans une posture de durcissement de leurs positions.

Bien avant de poser cet acte politique impossible à tolérer pour Kinshasa, les rebelles avaient fait diversion la veille, en décidant un cessez-le-feu unilatéral pour des raisons humanitaires, déclaraient-ils. C’était une façon d’ajouter à la surenchère car de source informée, il n'y aurait pas eu d'accalmie. Les combats seraient toujours en cours dans la province voisine du Sud-Kivu où le M23 revendique la prise d’autres localités.

Selon toute vraisemblance, même s'ils ont annoncé ne pas viser Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, les rebelles semblent convaincus qu'en face, la réponse au coup de feu qu’ils ont déclenché avec quelque succès n’est pas de nature à leur porter préjudice pour le moment. D’où le harcèlement continu des forces régulières avec en tête l’idée de peser dans d’éventuelles négociations qui pourraient être lancées dans les semaines à venir.

Tout indique que pour contenir l’avancée du M23 et de ses soutiens rwandais, les forces gouvernementales rd-congolaises devront faire beaucoup plus. Néanmoins, Kinshasa est aussi résolu à explorer toutes les voies politique et diplomatique, quand bien même les plus hautes autorités du pays sont déterminées à en préserver l’intégrité territoriale mise à mal. Les jours prochains diront qu’elle est la meilleure option pour infléchir les intransigeances des parties au conflit.

Pour les observateurs et les facilitateurs du dialogue entre le gouvernement et les rebelles, plus le temps passe, plus la nécessité de poser les passerelles entre les forces en présence devient une grande urgence.