Flou

Le moins que l’on puisse dire dans le moment présent où l’élection présidentielle approche à grands pas, c’est que les candidats ne se pressent guère de se déclarer et de faire connaître les grandes lignes du programme qu’ils devront défendre becs et ongles durant la campagne précédant le premier tour de scrutin. Tout se passe comme si l’agitation des derniers mois avait fatigué, épuisé même les leaders de chaque formation au point de les amener à retarder le plus possible ces annonces. Et ceci alors même que les citoyens aimeraient bien être fixés rapidement sur les noms des candidats comme sur leurs options.

Disons-le sans l’ombre d’un doute le flou qui règne sur la campagne à venir ne projette pas une image très positive de notre démocratie. D’une part il laisse planer le doute sur les personnalités politiques qui se lanceront dans la bataille et, d’autre part, il ne permet pas aux citoyens de se faire une idée précise des actions qui marqueront le prochain quinquennat. Tout compte fait, il laisse craindre une campagne peu dynamique où les idées, les projets, les propositions seraient réduits à leur plus simple expression, tenant plus du slogan que d’une véritable politique.

À un peu plus de deux mois de la première échéance électorale qui fera de la Nouvelle République une réalité et non plus un simple concept, il est temps que s’engage la compétition. Si, en effet, la scène politique ne s’anime pas le risque est grand que l’opinion publique se désintéresse purement et simplement de ce scrutin et que, le moment venu de déposer leur bulletin dans l’urne, les citoyens restent à la maison, vaquent à leurs occupations, délaissent les bureaux de vote. Ce qui serait catastrophique à tous égards.

S’étant doté d’une Constitution qui donne une large place à la société civile, le Congo ne saurait choisir sa plus haute autorité dans l’indifférence générale. Il doit se mobiliser dès maintenant afin que de la confrontation des programmes surgisse une démocratie plus active, plus pluraliste, mieux adaptée aux réalités du temps présent. Et de ce point de vue, indiscutablement, le temps presse, n’en déplaise à ceux qui jouent la montre comme on dit en langue populaire.