Prospective (1)

Que peut-il sortir pour l'Afrique à court, moyen et long terme de la guerre commerciale dans laquelle s'engagent aujourd'hui les grandes puissances ? Rien que de très positif, du moins nous semble-t-il, si les cinquante-cinq nations qui se partagent le continent se préparent activement en vue de la crise à venir et prennent dès à présent les dispositions qui leur permettront de tirer demain un grand profit du désordre qui s'installe à l'échelle planétaire. Expliquons-nous donc sur cette question stratégique entre toutes.

1) La compétition qui opposera les Etats-Unis, l'Europe, la Chine, la Russie mais sans doute aussi l'Inde se déroulera essentiellement sur le plan commercial. Elle aura comme objectif principal la conquête des marchés en pleine émergence, ce qui aura comme conséquence immédiate de faire de notre continent, dont la population rassemblera à l'échelle de trente ou quarante ans le quart de l'humanité, un objectif majeur. Si bien que l'on verra affluer vers nous les investisseurs, les commerçants, les financiers et autres entreprises désireuses de se protéger contre le désordre qui frappera de plein fouet leurs marchés traditionnels.

2) Au coeur de la bataille que vont se livrer les grandes puissances de l'hémisphère nord figureront évidemment les matières premières de toute nature sur l’exploitation sauvage desquelles s'est construite leur richesse présente. Et comme l'Afrique en général et l'Afrique centrale en particulier possèdent de véritables trésors encore inexploités, l'on peut être certain que tout sera mis en œuvre par ces mêmes grandes puissances pour séduire les pays qui les détiennent. Vraie depuis longtemps pour le pétrole et le gaz, depuis moins longtemps pour les matériaux rares, leur regard se portera inévitablement sur l'agriculture, l'élevage, la pêche, l’agroforesterie. 

3) Dans un pareil contexte et compte tenu de l'immensité des territoires ainsi convoités, l'un des atouts majeurs dont devront disposer les pays africains sera la capacité d'acheminer leurs productions vers les marchés qui seront lourdement frappés par la guerre commerciale que se livreront les nations riches. Les voies routières, les voies ferrées, les voies fluviales, les ports et les aéroports seront de ce fait des atouts décisifs pour les pays africains qui auront su s'en doter dans le temps imparti qui s'annonce très court. Pour dire les choses de façon encore plus claire, les vainqueurs seront les pays qui auront su se doter des grandes infrastructures sans lesquelles le commerce mondial ne saurait exister.

Ceci étant écrit, la révolution qui se prépare n'est pas sans risques pour les pays africains. Nous y reviendrons ici-même demain.