Lentement …

Lentement mais sûrement le discours change, évolue au sein même de la classe politique. Outrancier, agressif, excessif à tous égards lors de la campagne qui précéda le référendum constitutionnel puis l’élection présidentielle, il se calme peu à peu au fil des jours. Si bien que l’on voit aujourd’hui le Congo s’engager dans un dialogue apaisé où la confrontation légitime des idées ne se traduit plus par des dérives verbales qui pourraient elles-mêmes générer des troubles dans la rue.

Vue du camp des observateurs de la scène congolaise où nous nous trouvons, l’équation politique n’est manifestement plus la même qu’hier. Alors que, jusqu’à présent, seule la majorité constituée autour du puissant Parti congolais du travail (PCT) était un ensemble cohérent l’on voit, en effet, se constituer  peu à peu du côté de l’opposition une coalition de partis et de formations dont pourrait sortir un jour prochain une alternative crédible. C’est en tout cas ce que laissent entrevoir les débats qui se sont achevés hier à Brazzaville dans le cadre de l’IDC Frocad.

Le plus rassurant pour le peuple congolais dans son ensemble est le fait qu’à un discours que l’on pouvait qualifier de « négationniste » puisqu’il déniait aux citoyens le droit de choisir librement leurs institutions, se substitue maintenant un discours apaisé qui marque nettement ses distances avec le pouvoir et la majorité, mais qui ne remet pas en question pour autant la nouvelle République. Avec cette conséquence, somme toute rassurante, que les positions les plus extrêmes s’effacent progressivement devant un comportement républicain qui ne tente plus de substituer la loi absurde de la violence  à la loi pacifique de la démocratie.

Cette évolution est d’autant plus importante que dans quelques mois, peut-être même dans quelques semaines, se dérouleront chez nous deux scrutins majeurs qui achèveront la mise en place de nos institutions : les élections législatives et les élections locales. Si, face à la majorité conduite par le PCT, l’opposition se présente comme un front uni et républicain, nous verrons alors s’amorcer sur toute l’étendue du territoire national un débat qui permettra à notre jeune démocratie de faire un véritable bond en avant.