Et la Russie…

Que le président russe Vladimir Poutine ait commis, pour des raisons difficilement compréhensibles, une grave, très grave erreur en déclarant la guerre à l’Ukraine ne fait aucun doute pour nous comme pour beaucoup d’observateurs de la scène internationale. En témoignent, en effet, de façon implacable l’incapacité de l’armée russe à imposer sa loi sur le terrain et les tensions internes qui ont de ce fait secoué le Kremlin ces derniers temps.

Cela dit l’erreur la plus grave que l’on pourrait commettre aujourd’hui serait de croire que la Russie va payer au prix fort le faux-pas stratégique qu’elle commet en Europe centrale depuis plus d’un an. Car, dans le même temps, elle met tout en oeuvre pour réaffirmer son influence, sa puissance dans la sphère internationale. Une action éminemment stratégique dont témoigneront, le 27 et le 28 juillet, le Deuxième Sommet Russie-Afrique et le Forum économique et humanitaire qui l’accompagnera à Saint-Pétersbourg.

Preuve s’il en fallait une que le président Vladimir Poutine entend, à juste titre, faire de ces deux conférences l’axe de relance de la diplomatie russe à l’échelle planétaire, il nous a fait parvenir ces derniers jours un document officiel dont nous publions dès aujourd’hui l’intégralité dans nos différents médias et qui place de façon claire l’Afrique au cœur de ses actions à venir. Avec cette conclusion qui en dit long sur la volonté de l’Exécutif russe de redonner à son grand pays la place que l’erreur stratégique commise en Europe centrale lui a fait sinon perdre, du moins fortement réduire :

«  Il est de notre intérêt commun d’ériger la coopération humanitaire, dans le domaine de la culture, du sport, des médias  à un niveau nouveau, plus élevé. Je saisis cette occasion pour inviter nos jeunes amis africains à venir en mars 2024 à Sotchi, au Festival mondial de la jeunesse. Ce forum international de grande envergure verra la participation de plus de 20.000 représentants venus de 180 pays pour un dialogue ouvert amical informel, libre de barrières idéologiques et politiques, de préjugés raciaux et religieux, réunissant la jeune génération autour des idées d’un monde équilibré et stable, de la prospérité et de la créativité … J’attends avec impatience mes futures rencontres avec les leaders des pays africains à Saint-Pétersbourg et je suis prêt à un échange de vues fructueux et constructif. Je suis certain que les décisions du Sommet et du Forum, tout comme le travail commun permanent et multiforme, contribueront au développement continu du partenariat stratégique russo-africain pour le bien de nos pays et de nos peuples ».

S’il est un conseil que l’on doit donner dans le moment présent aux puissances occidentales qui misent sur l’affaiblissement durable de la Russie, c’est bien de lire avec la plus grande attention ce message. Il confirme, s’il en était besoin, que la Russie, loin de se replier sur elle-même,  entend bien accroître son influence en misant sur le développement des nations jeunes du Grand Sud.