Les immortelles chansons d’Afrique : « Ata ndele » d’ Adou Elenga

Jeudi 2 Mai 2024 - 21:15

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Auteur compositeur, guitariste et chanteur, Adou Elenga s’est frayé le chemin de la popularité avec son titre explosif « Ata ndele » qui lui a conféré le statut de prophète.

Cette chanson a conquis le public congolais au début des années 1950. Elle fut sur toutes les lèvres, dans toutes les oreilles. Elle a animé et égayé les bals de samedi soir à tel enseigne que son auteur fut interpelé par les autorités coloniales. « Je ne savais pas ce que je chantais, cela est venu comme ça, sur mes lèvres, et ma guitare l’a accompagné. C’était au cours d’un matanga, réunion familiale occasionnée par un décès », avait déclaré son auteur à propos de cette chanson.

Dans l’histoire de la musique congolaise,  « Ata ndele » est une chanson prophétique, exaltant avant l’heure les transformations profondes que le Congo Belge, l’Afrique et le monde tout entier devraient subir. Des années après, Martin Luther King apportera un même message, cette fois ci plus détaillé, à travers son fameux discours : « I have a dream ». Notons qu’en langue Lingala, « Ata ndele » veut dire « tôt ou tard ». Dans cette cantilène qui s’ouvre par les intonations de la guitare, suivies du monologue de l’auteur l’invitant à prendre sa guitare : « Adou simba guitare na maboko, oh elombe elenga », « Adou tiens ta guitare oh le héros Elenga », peut-on comprendre. Ensuite,  vient la phrase : « Ata ndele Modele akobaluka », « Tôt ou tard, l’homme blanc se repentira », avant que n’intervienne en boucle : « ata ndele ». Un peu plus loin, on l’entend s’écrier : « Ata ndele mokili ekobaluka », « tôt ou tard, le monde subira le changement ». Ces paroles sont essentiellement basées sur la guitare exécutée avec brio par Adou. Dans sa manière de jouer à cet instrument versatile, Elenga produit des sonorités traditionnelles proches de la sanza.     

En janvier 1974, sous la direction artistique du talentueux guitariste  Nedule Papa Noél, cette mélopée fera partie des chansons sélectionnées pour le tome 1 de l’anthologie de la musique aïroise moderne, éditée par le bureau du président de la République zaïroise. Ce sont d’ailleurs les notes de l’éditeur qui nous ont permis de compléter cet article. Dans cette anthologie, ce titre connaitra une version améliorée et occupera la première place du disque référencé 001.

« Ata ndele » a également servi de base à l’artiste Dindo Yongo pour composer, en 1989, avec Zaiko Langa Langa, son titre « Mokili échangé » dans lequel il rend hommage à Adou Elenga pour l’accomplissement de sa prophétie. « Mokili échangé », signifie « le monde a changé ».

Né en 1921 à Watsa,  actuelle République démocratique du Congo, Adou Elenga quitta l’école primaire dès la classe de la troisième année primaire parce qu’il préférait la guitare sèche à l’ardoise d’écolier et la chanson à la syntaxe. Décédé le 4 août 1981, il a légué un héritage musical qui est exploité par plusieurs artistes de la génération actuelle : Tebo, Verebina, Awale Esika minene, Mwami, Tout le monde samedi soir, etc.

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

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